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Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

Le choix de Valve d’utiliser GNU/Linux pour le Steam Deck suscite encore aujourd’hui des débats sur son impact dans le domaine du jeu PC. Malgré cela, si l’adoption de GNU/Linux peut bien évidemment poser des défis en termes de compatibilité avec la majorité des jeux qui sont natifs Windows, vous allez découvrir que jouer sous GNU/Linux est plus que possible.

Un petit peu d’histoire

Avant d’aller plus loin, prenons le temps de faire un rapide petit rappel historique. C’est à partir de 1995 que Microsoft a commencé à s’imposer petit à petit en tant que plateforme incontournable de jeu PC avec Windows et son API DirectX. Plus simple, plus accessible et plus performante que son homologue de l’époque, l’OpenGL de Silicon Graphics. Ce qui n’a pas manqué d’amorcer le déclin de ce standard ouvert qui était pourtant largement utilisé à l’époque, notamment par John Carmack le co-fondateur d’Id Software. C’est ensuite à partir de 2012 que Valve a mis en place une stratégie ambitieuse pour faire de GNU/Linux une plateforme de jeux sur PC. Mais après de nombreux déboires et échecs (Steam machine, portage sur Linux de Steam et du Source Engine, difficultés de convaincre les studios de développement de porter leurs jeux PC sous Linux…), alors que nous étions nombreux à penser que l’abandon de Linux était inéluctable, la stratégie de Valve s’est finalement révélée payante le 25 février 2022 avec la sortie du Steam Deck. Une console portable propulsée par la distribution SteamOS qui est passée de Debian à Arch Linux et qui offre une compatibilité étendue grâce à Proton.

Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

D’après Lawrence Yang, concepteur chez Valve, le passage vers Arch Linux en fait simplement une meilleure option pour Valve. Le groupe qui a besoin de proposer très régulièrement de petites mises à jour pour assurer une compatibilité optimale des jeux Windows. Un travail incroyable de la part de Valve qui est bénéfique non seulement pour le Steam Deck, mais aussi aux nombreuses distributions Linux permettant de jouer sur PC.

Un défi technique de taille

Puisque les développeurs, à quelques exceptions près, n’ont jamais été vraiment séduits à l’idée de porter leurs jeux sous GNU/Linux, ce qui reste compréhensible compte tenu des parts de marché faméliques face à l’ogre Microsoft, Valve a finalement changé de stratégie en développant une sous couche de compatibilité Proton en collaboration avec les développeurs de CodeWeavers. Sans rentrer dans les détails techniques, sachez simplement que Proton est une combinaison de plusieurs logiciels et bibliothèques comprenant notamment une version modifiée de Wine, un acronyme pour Wine Is Not an Emulator, qui permet de retranscrire les appels Direct3D vers des appels POSIX (Portable Operating System Interface) qui sont des normes assurant la portabilité des applications entre différents systèmes d’exploitation Unix et utilisés pour effectuer des opérations système standardisées telles que la gestion des fichiers, les communications inter-processus, la gestion des threads, etc…

Mais Proton combine aussi DXVK qui assure le support des jeux compatibles DirectX 9, 10 et 11 en traduisant les appels de l’API Direct3D en appels de l’API Vulkan, ainsi que VKD3D-Proton qui assure la compatibilité avec DirectX 12. De quoi assurer la compatibilité et les performances des jeux Windows sous Linux, à quelques exceptions près, sans qu’il soit nécessaire pour les développeurs d’adapter leurs jeux.

Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

Bien sûr, l’écosystème qui rend tout ceci possible est bien plus vaste et complexe puisqu’il s’appuie sur d’autres éléments essentiels tels que Vulkan, anciennement OpenGL Next, qui est une API multiplateforme de nouvelle génération capable de rivaliser avec DirectX. Celle-ci offre la possibilité d’exploiter pleinement les capacités des GPU modernes utilisés dans les PC, les consoles et autres appareils sous la direction de Khronos Group. Un consortium notamment composé d’AMD, Blizzard, Epic Games, Unity, Intel, Valve, Occulus VR, Apple, Dice, EA… et même Microsoft ! Ce qui n’a rien de vraiment étonnant puisque Vulkan facilite également le portage de jeux consoles vers la plateforme PC. À noter qu’en plus d’être performant, Vulkan est aussi populaire et utilisé par des jeux emblématiques tels que Baldur’s Gate 3, Civilization VI, Valheim, Hadès, Doom, la trilogie Crysis Remastered, Tomb Raider, Counter Strike 2, The Crew Motorfest, ou encore Red Dead Redemption 2.

La philosophie Linux au sens large

Si la question ne se pose pas vraiment avec le Steam Deck, le choix d’une distribution GNU/Linux pour votre desktop PC est ici essentiel. En théorie, quasiment n’importe quelle distribution GNU/Linux fera l’affaire, mais en pratique, les choses sont un peu plus complexes. En effet, il faut tout d’abord savoir qu’une distribution Linux est un système d’exploitation hérité du système UNIX et composé du noyau Linux créé à l’origine par Linus Torvalds en 1991, ainsi que d’une collection de logiciels souvent issus du projet GNU. Un acronyme récursif pour « GNU’s Not Unix », initié par Richard Stallman en 1983 qui promeut la philosophie selon laquelle les utilisateurs de logiciels devraient avoir la liberté de les utiliser, les étudier, les modifier et les redistribuer. Sans trop rentrer dans les détails, sachez simplement qu’un système d’exploitation GNU/Linux (par simplicité, j’utiliserai le mot Linux pour la suite du dossier) est diffusé sous licence publique générale, une licence libre, il est gratuit.

Sa philosophie est : faire une chose et la faire parfaitement. Tout ceci encourage également la collaboration et le partage de code entre les développeurs. Ce qui a conduit à la création d’une communauté mondiale de développement de logiciels libres qui a contribué à la création de nombreux outils essentiels et capables de rivaliser sans mal avec les logiciels Mac et Windows.

Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

« Migrer vers une distribution Linux vous demandera quelques efforts pour appréhender toute sa puissance, sa modularité, son ergonomie, mais aussi sa philosophie.« 

Linux est souvent plus léger en termes d’utilisation des ressources système. Il dispose de gestionnaires de paquets qui centralisent la recherche, l’installation et la suppression de logiciels. Il peut être installé sur une grande variété de matériel car son noyau intègre par défaut la grande majorité des pilotes à l’exception des pilotes propriétaires nVidia que vous devrez installer manuellement. Ce qui n’est pas le cas des pilotes GPU (AMDGPU) qui sont open-source, et maintenus par la communauté et très performants avec vulkan, vdpau et va-api (accélération matérielle vidéo). Des pilotes propriétaires AMDGPU-PRO développés et maintenus par AMD existent malgré tout et incluent en outre des outils d’optimisation pour des applications spécifiques professionnelles. À noter qu’Alyssa Rosenzweig, une développeuse talentueuse qui a accomplie un travail remarquable sur la rétro-ingénierie des GPU Apple M1 et M2 sous Linux, fait aujourd’hui partie de l’équipe de Valve qui travaille à l’amélioration constante des pilotes graphiques Linux. Ici la stratégie restant la même : améliorer l’expérience de jeu avec Linux.

Gaming Linux FR : un collectif de passionnés incontournable !

Maintenant que vous connaissez quelques fondamentaux du monde Linux, il ne vous reste plus qu’à choisir votre distribution. Lorsqu’on débute, le plus prudent sera de vous appuyer sur une distribution à la fois populaire bénéficiant d’une large communauté d’utilisateurs et d’une documentation détaillée, stable, et aussi simple à installer, utiliser et maintenir que Windows. Toutefois, à l’image de Windows 10 et 11 qui sont loin d’être parfaits, il n’existe pas de distribution Linux parfaite.

Vous pourriez par exemple vous orienter vers Arch Linux qui a été le choix de Valve. Une distribution légère, rapide, complète et centré sur l’utilisateur et dont le concept est de rester la plus simple possible (KISS ou Keep It Simple Stupid). Arch Linux demande en revanche un investissement temps conséquent pour en appréhender chaque aspect. De son installation à son utilisation en passant par sa configuration et sa maintenance. Bien plus accessibles pour celles et ceux qui viennent de Windows, citons Linux Mint Edge, Pop!OS, OpenSuse Tumbleweed, ou Fedora, certaines allant même jusqu’à intégrer par défaut les pilotes nVidia.

Communauté forte

Mais le meilleur conseil que je puisse vous donner est de rejoindre la communauté Gaming Linux FR sur Discord, mais aussi sur Youtube. Créé en 2020 par Vinceff, ce collectif francophone de gamers passionnés compte plus de 2’400 membres sur Discord, plus de 5’000 sur Youtube et caractérise le meilleur endroit pour découvrir les distributions Linux. Là-bas vous allez apprendre, partager, trouver et/ou apporter de l’aide, organiser et/ou participer à des soirées de jeux, développer, débattre autour de nombreux sujets de réflexions telles que la « dégooglisation« .

La chaine propose aussi des sujets à travers des podcasts avec des invités de marque tels qu’Etienne Juvigny alias Tk-Glitch qui travaille chez Valve à l’amélioration de la compatibilité des jeux sous Linux et des performances. Morg le développeur d’OpenRGB, un logiciel permettant de contrôler tous vos appareils RGB. Adrien LinuxTricks très connu sur la scène Linux, Antiz, un développeur et mainteneur Arch Linux, A1RM4X, un pro gamer sous Linux qui a basculé en tant que créateur de contenus depuis 2022 et un véritable passionné qui brille par son accent Franglais. Sans oublier Davius, Pandatomik, Cardiac, Chevek, Lobo Tommy (et j’en oublie certainement) qui sont parmi les plus actifs et de véritables spécialistes Linux pour vous accompagner et vous encourager à contribuer à l’amélioration du gaming sous Linux.

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« Gaming Linux FR propose également un espace Github hébergeant divers guides, outils et scripts. »

Pour terminer, et à condition d’être à l’aise avec la langue de ShakeSpeare, les ressources dédiées au gaming sous Linux ne manquent pas sur le web. Voici quelques exemples : LinuxNext, Ctrl Alt Reboot, GamingOnLinux (https://www.gamingonlinux.com/) ou encore Linux-Game Consortium. AMD et nVidia occupant la majeure partie de la scène gaming, les détenteurs de GPU Intel Arc pourront également découvrir quelques informations assez intéressantes sur Compelling Bytes.

Steam et Proton, l’idéal du jeu vidéo

Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

Comme évoqué plus haut, Valve propose avec son client Steam une couche de compatibilité Proton que vous devrez obligatoirement activer pour installer des jeux natifs Windows. Pour cela, rien de plus simple puisqu’il vous suffit de vous rendre dans les paramètres, l’onglet Compatibilité et les options “Activer Steam Play pour les jeux compatibles” avant de sélectionner l’option “Activer Steam Play pour tous les autres titres”.

À partir de là, vous pouvez sélectionner la version Proton de votre choix. Sachez que la version Proton « Experimental » est très performante et couvre la majorité des jeux Windows. Néanmoins en cas d’incompatibilité, même si Valve se montre habituellement très réactif, il reste possible d’utiliser Proton-GE, une version patchée de l’original développée par Thomas Crider, alias Glorious Eggroll. Ce module apporte divers correctifs mais aussi certaines améliorations comme de meilleures performances ou une optimisation de la technologie FSR d’AMD. Pour cela, rien de plus simple avec l’utilitaire ProtonUp-Qt qui une fois installé et lancé, détecte automatiquement votre répertoire d’installation Steam pour y installer la version de Proton de votre choix.

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Linux et le rétrogaming

Notez qu’il est également possible d’installer Boxtron qui est plus adapté pour jouer à d’anciens titres DOS dans de bonnes conditions (Ultimate Doom, System Shock, Hexen, Duke Nukem 3D, King’s Table…) ou Roberta pour les jeux utilisant le système ScummVM (Maniac Mansion, Loom, Indiana Jones, Leisure Suit Larry…). Puis plutôt que de modifier la version de proton à utiliser dans les paramètres Steam Play qui s’applique à l’intégralité de votre bibliothèque, il est possible de définir la version ou le fork de Proton à utiliser pour un jeu spécifique. Pour cela, ouvrez les propriétés via la petite roue crantée située à l’extrémité droite de la vignette de votre jeu pour ensuite sélectionner la version Proton souhaitée dans l’onglet Compatibilité. Simple non ?

Comment vérifier qu’un jeu est bien compatible avec Linux ?

Si vous utilisez exclusivement Steam, il est possible de restreindre l’affichage du catalogue aux seuls jeux compatibles avec Linux en appliquant tout simplement le filtre “SteamOS + Linux“ dans l’onglet Catégories. Dans le cas contraire, sachez que chaque fiche descriptive de jeu propose au-dessus de la classification PEGI, des informations sur le niveau de compatibilité avec le Steam Deck accompagné d’un lien permettant d’accéder au portail ProtonDB qui grâce aux rapports des joueurs permet d’obtenir des informations détaillées sur la compatibilité des jeux avec Linux, mais aussi chromebook. Pour un fonctionnement optimal, vous devrez lier votre compte Steam à ProtonDB qui n’aura aucun privilège à votre compte et dont le seul but est de recueillir certaines informations liées à votre profil public ainsi que la liste de vos jeux et votre liste de souhaits dans le but de faciliter vos recherches liées à la compatibilité de vos jeux sous Linux.

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ProtonDB continue de se développer, compte déjà plus de 14’248 jeux vérifiés et jouables mais n’intègre que les jeux du catalogue proposé par Steam. Les autres clients tels qu’Epic Games, Ubi Soft, Blizzard et EA ne proposent malheureusement pas encore de tels filtres contrairement à GOG et The Humble Store. Si bien que vous devrez passer par Heroic Games, Lutris ou la communauté gaming pour vérifier la compatibilité des autres jeux à l’image d’Alan Wake II qui fonctionne parfaitement.

Epic Games, GOG, Ubisoft, EA, Blizzard & co

Malheureusement et pour le moment, il n’existe aucun client natif Linux. Du moins officiellement car le monde du libre propose ses propres alternatives à commencer par Heroic Games Launcher alias HGL. Un logiciel open source qui s’appuie sur Wine pour gérer et de lancer vos jeux Epic Games, GOG et Amazon Prime Gaming. Son utilisation est très simple puisqu’une fois installé, vous n’aurez qu’à installer la version Wine de votre choix via la section Wine Manager de l’application : la version officielle de Wine, Wine-Ge-Proton qui est une variante de Wine créée par Glorious Eggroll mais aussi la version recommandée, ainsi que Proton-GE également créée par Glorious Eggroll.

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Bien que cette dernière soit davantage dédiée à un usage avec Steam, certains jeux peuvent mieux fonctionner. HGL supporte également l’Epic Online Services (EOS) Overlay que vous devrez installer via les paramètres généraux de l’application, ainsi que les dispositifs anti-triche BattleEye et EasyAntiCheat. Une fois connecté à vos comptes en ligne, vous aurez alors accès à vos bibliothèques respectives de jeux. HGL soulignant automatiquement les éventuels jeux incompatibles. Vous pourrez en outre organiser votre bibliothèque ou encore personnaliser le thème d’HGL.

Lutris et Bottles

D’autres alternatives existent. Comme par exemple Lutris qui supporte également l’Epic Games, GOG et Amazon Prime, les plateformes EA Play, Ubisoft Connect, Battle.net, Humble Bundle, itch.io et de nombreux émulateurs de jeux retrogaming. Tout n’est bien entendu qu’une question de goût, mais contrairement à HGL, l’interface est un peu plus vieillotte, moins ergonomique, moins conviviale et vous devrez installer vos lanceurs grâce à l’assistant d’installation qui vous assistera étape par étape. Vous devrez néanmoins vous assurer que Wine, les dépendances et bibliothèques pré-requises sont bien installés avant d’utiliser Lutris. Une étape parfaitement décrite dans la documentation officielle (https://github.com/lutris/docs). Mais si dans les faits Lutris demande un peu plus de manipulations pour installer et gérer les jeux, ce dernier fonctionne parfaitement et bénéficie d’une large communauté pour vous aider.

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Sur le même principe, Bottles offre une interface bien plus soignée. Une documentation plus structurée et complète ainsi qu’une meilleure ergonomie en plus d’intégrer les installateurs des plateformes de jeux. Vous n’aurez rien d’autre à faire que de choisir celui que vous souhaitez avant de l’installer comme vous le feriez sous Windows. Bottles se montre plus simple à l’usage, plus stable, offre davantage de paramètres de personnalisation et permet également d’installer des applications Windows non dédiées au gaming à l’image d’Autodesk Fusion ou de FL Studio. Bref, Bottles est si bon qu’il fonctionne tout simplement.

Les performances

Les jeux n’étant majoritairement pas natifs Linux, il est tout naturel de se poser des questions relatives aux performances. Je préfère préciser que l’idée n’est bien évidemment pas ici de montrer la supériorité de Linux face à Windows ou vice-versa, mais simplement à travers quelques benchmarks effectués à partir d’un PC équipé d’un Ryzen 5 5600X, de 32 Go de RAM et d’une RADEON RX 6800, que Linux offre un niveau de confort et de performances remarquable et que jouer sous Linux est tout à fait possible.

Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

Sorti en 2023, Alan Wake 2 s’est fortement distingué sur le plan technique et visuel. Ce qui a fait de ce survival horror, un jeu très exigeant d’un point de vue matériel. Heureusement les dernières mises à jour de Remedy ont montré des améliorations plus que significatives. Si Windows se montre plus performant, la différence de performances ne dépasse pas les 2 fps ce qui est négligeable.

Si cette fois Linux se montre plus à l’aise avec Dying Light 2 Reloaded Edition, la différence reste malgré tout infime. Il est toutefois étonnant de découvrir un jeu natif Windows offrir de meilleures performances sous Linux, ce qui n’est d’ailleurs pas rare soit dit en passant. Ce qui souligne un peu plus le travail incroyable accompli par les équipes de Valve et de Wine.

Shadow of the Tomb Raider est l’un des rares jeux Linux natifs porté par Feral Interactive. Le jeu s’appuie sur l’API Vulkan et les performances sont ici à l’avantage de Linux.

Que ce soit sur Ratchet & Clank: Rift Apart ou Deus Ex Mankind Divided sorti il y a plus de 8 ans, la différence de performances est là encore négligeable. À noter que l’implémentation en cours du FSR 3.1 dans Ratchet & Clank devrait débarquer très prochainement et apporter un joli gain de performances s’il tient ses promesses.

Avec Returnal, un TPS de type rogue-like et l’une des rares exclusivités PlayStation 5 à avoir débarqué sur PC, le niveau de fps max prend l’avantage sous Windows avec un gain moyen de 8%, Linux s’illustrant plus nettement sur la partie fps minimum avec un gain pouvant atteindre 17%. De quoi assurer un framerate décent dans le pire des cas alors que l’écart de performances du framerate moyen reste beaucoup plus modéré mais malgré tout à l’avantage de Linux.

Jouer sous Linux, super simple à condition de…

Pour finir, il n’est pas difficile de démontrer que les joueurs peuvent se tourner aussi bien vers Linux que vers Windows pour profiter pleinement de leurs jeux. Ceci tant les performances sont globalement très proches. Valve continue inlassablement d’améliorer l’écosystème Linux (Proton, driver AMD, Vulkan, Steam Deck, VR…) en s’assurant qu’un maximum de jeux fonctionnent avant même leurs sorties, et jouer sous Linux est à la fois possible, accessible, simple et confortable. D’autant plus que si la migration vers une distribution Linux est plus simple pour les détenteurs de GPU AMD, avec des pilotes open-source qui offre en prime de bien meilleures performances qu’avec les pilotes officiels AMD, les choses se sont très nettement améliorés côté nVidia. La seule chose qui pourrait vous empêcher d’abandonner Windows serait bien sûr d’appréhender les subtilités de Linux, mais aussi d’abandonner quelques logiciels propriétaires visant à compléter votre expérience de jeu (MSI Afterburner, Razer Synapse, Logitech G Hub, Steelseries, etc…) même s’il existe de très bonnes alternatives. Qui plus est, Linux offre un haut niveau de personnalisation, une grande stabilité système et consomme généralement moins de ressources matérielles, ce qui en fait une option attrayante pour les joueurs.

Jouer sous GNU/Linux : tout ce qu’il faut savoir

« Are We Anti Cheat Yet est la source incontournable pour vérifier le statut et la compatibilité des dispositifs anti-triche sous Linux. »

Tout n’est bien sûr pas parfait et quelques inconvénients existent. À commencer par les limitations en termes de compatibilité avec certains jeux malgré un catalogue de jeux supportés par Linux qui est plus que conséquent. La faute en partie à certains éditeurs qui ne souhaitent tout simplement pas voir leurs jeux tourner sous Linux pour diverses raisons plus ou moins justifiées. Il reste malgré tout possible de contourner cette limitation en recourant aux services de Cloud Gaming (Xbox Cloud Gaming, GeForce NOW) qui fonctionnent parfaitement sous Linux. À condition d’avoir une connexion internet performante. Mais l’inconvénient majeur réside dans le support des systèmes anti-triche utilisés par les jeux multi-joueurs populaires. AreWeAntiCheatYet propose à cet effet une liste complète régulièrement mise à jour, de jeux utilisant des anti-cheats avec leur compatibilité avec Linux. Vous pourrez par exemple dire adieu à Battlefield 2042, Battlefield V, EA Sports FC, Fifa (EA anticheat), mais aussi de nombreux titres utilisant les dispositifs Battle Eye ou Easy Anti Cheat qui sont pourtant supportés sous Linux.

Riot dans l’abus

League of Legends et Valorant utilisent quant à eux le tristement célèbre Riot Vanguard qui pour rester simple, dispose sous Windows du plus haut niveau d’autorisations sécurité sur le noyau. Ce dernier peut donc potentiellement accéder à n’importe quelle donnée sans votre consentement. Il existe heureusement des lois en vigueur vous protégeant. Le plus gênant réside dans le fait que Vanguard tourne et collecte en permanence des infos sur votre ordinateur. S’il reste possible de le désactiver, vous devrez obligatoirement redémarrer votre PC si vous souhaitez jouer à un jeu utilisant Vanguard. Et sachez pour finir que désinstaller un jeu s’appuyant sur Vanguard ne suffit pas à supprimer le système antitriche du noyau. Bref, un mécanisme inconcevable sous Linux puisque donner le plein contrôle du noyau à une entité extérieure est contraire aux principes du libre.

Si presque toutes les conditions sont réunies pour offrir une expérience de jeu agréable et confortable sous Linux, jouer sous Linux dépendra avant tout de vos dispositions à appréhender un nouveau système et la philosophie Linux, mais aussi des jeux auxquels vous aimez jouer. Et pourquoi pas, de faire cohabiter Windows et Linux sur votre PC ?

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Publié le 09.04.2024 à 08:40.

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