Time Flies est un jeu à boucle temporelle où l’on cherche à biffer la « bucket list » de notre protagoniste musciforme en moins de deux minutes. Hâtons-nous de voir ce qu’il en retourne.
Carpe diem, quam minimum credula postero, comme disait Horace. Et Carpe diem (ou cueille le jour présent) est désormais bien intégré dans les discours « inspirants » de notre société, se confondant parfois avec le bien moins élégant YOLO (You Only Live Once) pour justifier toute impulsivité, dénaturant le message antique bien plus sage.
Il faut « cueillir le jour présent » dans Time Flies, car la vie d’une mouche est bien courte, moins de deux minutes. Mais point de YOLO, puisque le jeu nous permet de « ressusciter » autant de fois que nous le souhaitons. Ceci afin d’atteindre notre objectif. Pas d’aléatoire ici, mais plutôt du die & retry très arcade.
En début de run, on choisit un pays (ex: Angola) dont l’espérance de vie sera convertie en secondes pour notre petite mouche. Mécaniquement, ce choix fera office de niveau de difficulté de la run. En bon weeb, j’ai souvent pris le Japon. Ce qui permet en plus d’avoir une des plus longues espérances de vie.
Memento mori
En début de niveau, le compte à rebours (en haut à gauche de l’écran) se lance dès que l’on commence à voler. On se dirige un petit paquet de pixels en utilisant le stick, et c’est tout. Il n’y a pas d’autres touches à utiliser. Le jeu est donc facile et rapide à prendre en main. La caméra est distante pour nous permettre de voir le niveau.
On erre alors sans but dans la vie, mais le jeu nous présente rapidement une liste d’objectifs à remplir. Cette liste constituera le cœur de l’expérience et il faudra trouver où et comment atteindre chacun des objectifs. La liste n’étant pas très explicite, vous devrez explorer et expérimenter pour espérer en biffer des éléments.
Comme la vie d’une mouche est courte et fragile, il vous faudra plusieurs vies pour y arriver. Mais il faudra aussi optimiser la run pour espérer remplir tous les objectifs et finir le niveau. Plusieurs parties seront dédiées à l’exploration afin de trouver comment valider chaque objectif. Des préparatifs nécessaires pour commencer à planifier le trajet idéal pour terminer le niveau.
Deux mécaniques viennent nous aider dans notre défi: en se rapprochant de certains éléments des niveaux, la caméra se rapproche et le temps s’arrête, ce qui permet déjà de respirer un peu, mais aussi de prendre son temps pour interagir avec les éléments, bien souvent pour valider un objectif. Une deuxième mécanique, sans trop divulgâcher, permet de récupérer du temps additionnel.
Le jeu propose également des succès sur Switch, et certainement via les systèmes intégrés sur d’autres plateformes, ainsi que des pièces de puzzle à retrouver pour allonger un peu la durée de vie. Pour parcourir les quelques niveaux et finir le jeu, il faut compter environ deux heures. Une heure supplémentaire pour « platiner » le jeu. Il s’agit d’une courte expérience, mais bien rythmée, en particulier par un humour un peu absurde, un peu à la WarioWare, qui a fonctionné sur moi.
Joli La Mouche
La direction artistique participe à créer une ambiance bien particulière grâce à un parti pris fort. Un noir et blanc qui rappelle un peu la Game Boy ou la Playdate, et qui correspond en plus à la vision très terne des mouches. L’habillage sonore se concentre lui plutôt sur les bruitages et la bande originale ne contient que quelques musiques utilisées avec parcimonie.
Produit par la société zürichoise Playables, et développé par le duo suisse Michael Frei et Raphaël Munoz, le jeu est édité par Panic. La société américaine a déjà fait son trou en tant qu’éditeur avec notamment Firewatch, Untitled Goose Game et la console Playdate. Et en 2025, Panic a aussi proposé despelote et éditera le très attendu (et très suisse) Herdling. Indéniablement un éditeur à suivre.
Le jour de la marmotte
Évoquant Minit ou Half-Minute Hero, Time Flies s’inscrit dans la lignée vidéoludique des jeux à boucles temporelles. En nous faisant vivre les absurdes vies (et morts) d’une mouche, je pense à Mr Moskeeto, qui nous proposait déjà en 2001 sur PS1, d’incarner un insecte volant, mais surtout à la série très décalée des WarioWare. L’humour de certains objectifs et leur validation font mouche et m’a décroché de véritables rires. La durée de vie et son accessibilité en font un très bon jeu d’une ou deux soirées à plusieurs devant l’écran. Il ne me reste qu’à espérer que le jeu fasse le BUZZZZZZ.
Time Flies est un moment de malice minutieux et minuté, à manger sans modération.
Note générale : 9 / 10
J’ai aimé :
- Le mix de die & retry et de puzzle/exploration pour un résultat très arcade
- L’humour décalé
- Optimiser mes runs comme un speedrunner
J’ai moins aimé :
- Une fin un peu abrupte
C’est plutôt pour toi si…
- Tu apprécies le speedrun
- Tu aimes les jeux WarioWare
Ce n’est plutôt pas pour toi si…
- Tu aimes prendre ton temps
- Tu n’aimes pas refaire la même chose plusieurs fois
Time Flies
Studio: Playables (Suisse)
Éditeur: Panic (USA)
Date de sortie: 31 juillet 2025
Classification: PEGI 16
Prix: Autour de CHF 14.-
Moteur graphique: Unity
Plateformes: PlayStation 5, Nintendo Switch, Steam
Conditions du test: clef Switch mise à disposition par le studio, test réalisé sur Switch 2