Le nécromancien est souvent décrit dans les jeux de rôle (exemple Baldur’s Gate 3) comme étant le maître des morts-vivants. Il s’accompagne toujours d’une horde de zombies, squelettes ou autres créatures de la mort, pour anéantir tout sur son passage grâce à leur grand nombre. Pourtant, peu de jeux s’intéressent aux détails de ce que représente cette magie souvent interdite, comme les sacrifices personnels, le poids sur son âme et quelles limites sont à poser. The Necromancer’s Tale propose une expérience unique qui non seulement vient chercher à détailler les rituels et l’alchimie de la nécromancie, mais aussi le prix à payer pour accéder à un tel pouvoir.
Présentation et histoire
The Necromancer’s Tale est développé et publié par le petit studio Psychic Software, situé à l’ouest de l’Irlande. Ils ont créé et publié des plus petits titres jusqu’à maintenant, mais il est clair que The Necromancer’s Tale est le jeu qui a reçu le plus d’attention et de qualité. Une preuve qu’une fois un studio a développé ses talents sur des plus petits projets, il est temps pour eux de s’émanciper sur des projets de plus grande envergure.
Le jeu se déroule dans une uchronie du XVIIIème siècle dans le pays fictif de Rulshten, au bord de l’Adriatique. Nous incarnons le fils ou la fille d’un noble, un héro de guerre qui a confronté le pays de Rulsthen et Venise. Rulsthen perdant la guerre, trois généraux se sont tournés vers les arts occultes et sombres de la magie, spécifiquement la nécromancie. Grâce à cette magie et à l’armée de morts-vivants qu’elle a produite, Rulsthen a remporté la guerre, mais ne l’a pas gardée pour son armée. Le pouvoir que Rulsthen a la capacité de commander, sert à dissuader de potentiels rivaux.
Quelques années après avoir suivi la formation choisie lors du prologue, le ou la protagoniste rentre dans le manoir familial et c’est là que tout commence. Intrigues, meurtres et secrets de famille reviennent à la surface. En se tournant vers un tome de rituels qui appartenant au père du protagoniste, nous pourrons former notre avenir, mais jusqu’où oseront nous aller ? C’est une des nombreuses questions auxquelles le joueur devra répondre tout seul.
Gameplay et progression
The Necromancer’s Tale est un RPG en perspective vue isométrique. L’aspect RPG se retrouve dans les conséquences lors des interactions ainsi que les attributs lors du prologue via des choix de notre vie. Ces attributs ne peuvent pas être améliorés car, contrairement à la convention des RPG, nous ne gagnons pas de points d’expérience lors des quêtes ou combats. En effet, la progression du protagoniste est entièrement ressentie par son évolution dans les arts magiques en débloquant de nouveaux sorts ou rituels.
Les attributs forment un élément central du jeu lors des dialogues. Il n’y a pas un pourcentage de réussite déterminé par un jet de dé invisible. Tout test lors des dialogues, a besoin d’un certain nombre de points afin d’y arriver. Si nous n’avons pas assez dans cet attribut, soit on échoue et une solution secondaire doit être trouvée, soit on peut dépenser des points « bonus » attribués au début de chaque chapitre pour les passer. Il est donc important de jouer le rôle du personnage que nous avons créé et ne pas penser qu’un diplomate puisse soudainement devenir un baroudeur.
Tout le jeu se passe dans la ville de Marns, dans le pays de Rulsthen. Chaque jour est divisé en 4 parties: matin, après-midi, soirée et nuit. Le temps avance uniquement lorsque le joueur décide de passer d’un moment de la journée à un autre. Cet aspect est important car certains personnages et destinations ne sont disponibles que pendant certains moments de la journée.
« la progression du protagoniste est entièrement ressentie par son évolution dans les arts magiques en débloquant de nouveaux sorts ou rituels »
Les dialogues sont très importants dans The Necromancer’s Tale, ce n’est pas un jeu où on doit s’attendre à se battre souvent, du moins au début de l’aventure. Il est important de se rappeler que notre protagoniste est simplement une personne qui rentre à la maison, et se retrouve dans des ennuis jusqu’au cou par la chute de sa famille. Il est important d’absorber l’atmosphère du titre pour savourer pleinement ce la balade. À partir de là, vous et votre héro serez naturellement guidés sur la route des arts obscurs de la nécromancie. Commençant d’abord par des petits rituels et potions pour protéger sa famille, nous voyons très vite le plein potentiel de ce pouvoir, et il devient vite une solution « facile » pour résoudre nos problèmes.
Nous ne contrôlons que le protagoniste, mais plus tard lorsque nos connaissances et pouvoirs en nécromancie augmentent, nous pouvons commander une petite armée de morts-vivants, allants de squelettes à des zombies. Chaque serviteur doit être équipé par de l’équipement trouvé ou acheté, donnant ainsi une personnalisation complète de nos unités. Nous déplorons que ce ne soit pas bien expliqué dans le jeu, mais le maître doit être proche de son serviteur, cliquer sur celui-ci et choisir l’option de l’équiper. Toute commande de nos serviteurs se fait via cette interface.
Les combats se font au tour par tour, mais ils restent très simplistes, il n’y a pas de notion de couverture ou avantage de terrain. Chaque personnage a des points d’action pour bouger et attaquer, ainsi que des points de mana pour contrôler ses serviteurs ou lancer des sorts. Les chances de toucher avec des attaques se calculent par divers facteurs expliqué dans la rubrique « info » du jeu. Pour faire simple, les chances de toucher sont influencées par le type d’arme, la distance de la cible, la taille de la cible et autres. Les sorts sont un atout puissant que le protagoniste débloque en décryptant son grimoire. Il va falloir explorer, parler à son entourage et oser pousser les limites morales afin de débloquer les magies les plus puissantes.
Points positifs de The Necromancer’s Tale
Noter tous les points positifs serait compliqué. En effet, dans le jeu, tout est absolument raccord. On voit très clairement que le studio voulait créer un RPG dominé par les conséquences de nos actes. Avec un nom comme « A Necromancer’s Tale », on penserait qu’on incarne directement un adepte des arts obscurs, mais fort heureusement ce n’est pas le cas. Le joueur ressent l’évolution, ou déchéance, du protagoniste dans sa quête aux réponses. On commence par un petit rituel qui permet de « protéger » notre manoir, rien de bien méchant. Très vite on se retrouve obligé d’explorer des cryptes, donc ça veut dire monter une petite équipe de serviteurs, et des sorts mortels pour se protéger.
De fil en aiguille, notre protagoniste change de caractère, il voit des spectres qui commencent à l’influencer. Est-ce vraiment si grave si un orphelin meurt, du moment que notre but est atteint ? Personne ne voulait de lui de toute manière. Si on sacrifie notre amour sur un autel pour un sort puissant, n’est-ce pas justifié afin d’avoir les réponses tant attendues ? Ou est-ce justement la ligne que l’on ne veut pas traverser et l’on garde un fragment d’humanité en nous ?
Ce genre de question est tout le temps au premier plan, et ce sont ces aspects qui font The Necromancer’s Tale un vrai RPG. Il est important de parler avec tout le monde, comprendre qui peut nous aider pour un sujet bien précis. Qui soudoyer avec de l’argent ou qui faire chanter avec du linge sale au risque de perdre de la réputation ?
Points négatifs de The Necromancer’s Tale
Petit studio indépendant avec un budget limité rime immanquablement avec qualité un peu bâclée sur certains points. Heureusement, aucun n’entache à l’expérience, mais un joueur averti en vaut deux. Il n’existe pas de tutoriel sur comment commander ses serviteurs une fois cet élément débloqué.
Le prochain point n’est pas forcément négatif, mais peut donner une fausse première impression lorsque l’on commence. Comme évoqué plus haut, le prologue est sous forme de livre narré, et sert également à la création de personnage, avec choix tout au long de notre vie sous forme de décisions comme se faisaient autrefois les personnages des RPG tels que les Ultima.
Ce format m’a également fait penser à « The Life and Suffering of Sir Brante ». Bien que le jeu ne soit pas un roman interactif, ce passage est relativement long, néanmoins il permet au joueur de s’imprégner de la situation et des enjeux qui se jouent sur le plan diplomatique entre les pays. C’est une méthode très ingénieuse qui encourage à l’attention. Fort heureusement, si l’on n’est pas content des impacts sur la création de notre protagoniste, on peut manuellement changer les aptitudes à la fin du prologue.
Conclusion
The Necromancer’s Tale est un RPG en vue isométrique dans lequel on incarne un enfant de noble. On se retrouve dans une intrigue qui va bouleverser bien plus que sa famille, mais tout un pays. La conséquence de se tourner vers les rituels obscurs et la nécromancie.
L’aspect choix et conséquences sont au premier plan, bien plus que beaucoup de soi-disant jeux AAA sur le marché. Être un nécromancien n’est pas une sinécure, il y a un poids psychologique et des conséquences relationnelles. Le jeu montre tout ceci avec brillance. Beaucoup de jeux parviennent à faire ressentir les conséquences de nos actes, mais peu m’ont fait me sentir comme une deuxième personne. Chaque personnage secondaire vous voit de la manière que vous projetez, et ne vous traite pas comme le sauveur de l’humanité. Tout se mérite et c’est à vous de savoir ce que vous êtes prêts à sacrifier pour arriver à vos fins.
The Necomancer’s Tale est disponible sur Steam.