Lors du Dragon Ball Day à Lausanne, nous avons eu l’occasion de rencontrer trois grandes voix du doublage français : Mark Lesser, Philippe Ariotti et Céline Monserrat. Ces comédiens, célèbres pour avoir incarné des personnages iconiques, partagent avec nous leurs parcours et leurs réflexions sur l’évolution du métier.

Le doublage, souvent méconnu, joue pourtant un rôle clé dans l’expérience cinématographique et télévisuelle. Au cours du Dragon Ball Day à Lausanne, un événement dédié aux passionnés de la série culte, nous avons eu le privilège de discuter avec Mark LesserPhilippe Ariotti et Céline Monserrat. Chacun d’eux a marqué plusieurs générations par ses performances vocales dans des rôles devenus légendaires. Leur rencontre nous plonge dans l’univers fascinant du doublage, entre anecdotes personnelles et réflexion sur les défis futurs, notamment avec l’émergence de l’intelligence artificielle.

Le début d’une carrière : des chemins différents mais un même amour du métier

Mark Lesser se souvient de ses débuts, encore enfant, à l’âge de 7 ans, dans une école dédiée aux activités artistiques. C’est là, entre les cours de musique et les pièces de théâtre, qu’il a fait ses premiers pas dans le doublage. Son premier rôle ? Le Chaberlio dans Les Aristochats. « C’est là que tout a commencé », confie-t-il. L’idée de donner une voix à un personnage l’a tout de suite séduit, un amour du métier qu’il n’a jamais quitté.

À l’opposé, Philippe Ariotti a emprunté un chemin plus tardif. Formé dans la lyrique, il a joué dans les plus grands théâtres de France avant de découvrir le doublage. « J’avais cette envie de me frotter au doublage, mais je n’avais aucune connexion. Alors, j’ai décidé de faire un stage et c’est comme ça que tout a démarré », raconte Philippe, soulignant qu’il a d’abord doublé des personnages dans des dessins animés avant de se retrouver plongé dans l’univers mythique de Dragon Ball. Le doublage, c’était une nouvelle facette de l’expression artistique qui l’a immédiatement captivé.

Céline Monserrat, quant à elle, n’a pas choisi le doublage dès le départ. Formée au conservatoire d’art dramatique, elle a été introduite dans le milieu grâce à sa tante, qui gérait une maison de distribution de films. « Ils doublaient principalement des films chinois. C’est comme ça que j’ai débuté », se rappelle-t-elle. Ses débuts dans le doublage se sont faits de manière presque intuitive, un lien qui s’est tissé avec le temps, tout comme l’amour pour les personnages qu’elle a incarnés.

L'univers du doublage : interview avec des icônes de la VF
Mark Lesser est la voix française de Joey dans la série Friends : Image de ©AlloCiné

Des personnages inoubliables : quand les voix deviennent iconiques

Lorsqu’on leur demande quel rôle les a le plus marqués, les trois artistes ont des réponses très personnelles. Pour Mark, les rôles qu’il a interprétés dans Dragon Ball et Friends sont des emblèmes de sa carrière. « Joey, c’est une part de moi. Et Dragon Ball ? Ces personnages sont devenus de véritables icônes de la pop culture », dit-il. En effet, l’impact de ces rôles dépasse les frontières du simple doublage, devenant un véritable phénomène culturel.

Philippe, de son côté, n’hésite pas à citer Freezer comme son rôle majeur, mais il garde également un souvenir marquant de sa collaboration avec Roger Carel, qu’il admirait profondément. « Il a été un modèle. Quand j’ai eu la chance de prendre sa place pour doubler Hercule Poirot, c’était un honneur », confie Philippe, avec une pointe de respect et d’humilité. Le doublage, pour lui, c’est aussi une succession d’héritages, d’apprentissages et de moments forts.

Céline, elle, se souvient de ses débuts dans le dessin animé avec des rôles comme celui de la Schtroumpfette et Anastasia. Mais c’est Clémentine dans Les As de la Jungle qui occupe une place particulière dans son cœur. « C’est un rôle récurrent qui a duré dans le temps. Il est devenu comme un compagnon », dit-elle avec un sourire.

Céine Monserrat est la voix française de Dorry dans le Monde de Némo : Image de ©Crush Magazine

La reconnaissance : une voix qui va au-delà de l’écran

Le doublage n’est pas seulement une question de technique, mais aussi de rencontre avec le public. Alors, est-ce que ces artistes se font reconnaître dans la rue ? Pour Mark, c’est parfois le rire de Joey qui trahit son identité. « Il y a des moments où, sans le vouloir, je me mets à rire comme lui, et là, c’est une révélation », explique-t-il en riant. Philippe, quant à lui, se souvient d’une expérience particulière : « Un jour, je me promenais dans un magasin avec mon bonnet et mes lunettes noires. Pourtant, quelqu’un m’a reconnu simplement en entendant ma voix. » C’est un phénomène qui peut surprendre, mais qui montre à quel point ces voix font partie de la culture populaire.

Céline Monserrat, bien que moins fréquemment reconnue, a aussi vécu des moments de surprises agréables. « Quand les gens réalisent que la voix de Julia Roberts ou de Dory leur parle, c’est toujours un moment magique », confie-t-elle.

L’IA et l’avenir du doublage : un enjeu crucial pour l’authenticité

L’un des sujets les plus sensibles aujourd’hui est l’impact de l’intelligence artificielle sur le doublage. « C’est un outil qui peut être intéressant, mais on doit se protéger », avertit Mark. Les voix humaines sont uniques, et remplacer l’émotion et l’âme d’une voix par une machine serait une perte irréversible. Philippe partage cette inquiétude, surtout concernant les petits rôles dans les jeux vidéo : « L’IA pourrait remplacer ces voix de fond, mais elle ne pourra jamais reproduire la nuance humaine », explique-t-il. Céline va encore plus loin, affirmant qu’il est crucial de protéger nos voix. « L’IA peut être un outil, mais elle ne doit pas remplacer l’humain. Il faut rester vigilant », conclut-elle.

Philippe Ariotti est la voix française de Picolo dans l’animé de Dragon Ball : Image de ©AlloCiné

Conclusion : L’art du doublage, une aventure humaine avant tout

Le doublage, bien plus qu’un simple métier, est un art de l’émotion. Chaque voix donnée à un personnage devient une extension de l’âme de l’acteur qui l’interprète. Mark, Philippe et Céline incarnent à leur manière cette passion pour le métier, et leurs voix continueront de résonner longtemps dans les mémoires des spectateurs. Mais derrière ces voix, il y a aussi une réflexion profonde sur l’avenir du métier, notamment face à l’émergence de l’intelligence artificielle. Alors, tant que l’humain restera au cœur du processus, le doublage continuera à offrir des moments magiques qui traversent les écrans.

Céline Monserrat, Philippe Ariotti, Ludovic Laubscher, Mark Lesser et Armin Hadzikadunic

Encore un grand merci à Laurent Dormond et tout l’équipe du Dragon Ball Day pour l’accueil. Et un immense merci aux comédiens Mark Lesser, Philippe Ariotti et Céline Monserrat de s’être prêtés au jeu de l’interview*.

*Interview transcrite par notre rédacteur Juan-David Martinez; un grand merci à lui aussi.

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