Après une trilogie dédiée à l’Égypte, à la Grèce et aux Vikings, il est temps de découvrir Assassin’s Creed Shadows et son Japon féodal. Une aventure riche qui promet de nombreuses heures de jeu et surtout un retour aux sources de la licence.
L’histoire de Assassin’s Creed Shadows vous invite à suivre les pas de Naoe, une shinobi issue du milieu rural japonais, et Yasuke, un samouraï libéré de l’esclavage. Ubisoft avait déjà exploré une narration à deux protagonistes avec Assassin’s Creed Syndicate, où Jacob et Evie Frye évoluaient dans le Londres de 1868, en pleine révolution industrielle.
Un Japon en pleine mutation
En 1579, le Japon traverse la période Sengoku, marquée par des guerres et l’unification sous l’impulsion d’Oda Nobunaga. Alors que les conflits s’intensifient et que de nouvelles alliances se nouent, la province d’Iga, bastion des shinobis, subit une violente invasion. C’est dans ce contexte troublé qu’Assassin’s Creed Shadows met en scène Naoe et Yasuke, deux figures aux parcours distincts, pour explorer les tensions de cette époque et les transformations du Japon de la fin du XVIe siècle.
L’histoire d’Assassin’s Creed Shadows débute avec Naoe. Les premières heures du jeu (entre 8 et 12 heures) sont centrées sur elle afin d’introduire les mécaniques d’infiltration et les bases du scénario. Ce n’est qu’ensuite que le joueur peut incarner les deux protagonistes.

Le jeu propose une aventure conséquente, avec environ 60 heures de contenu pour boucler l’histoire principale. De plus, de nombreux choix scénaristiques influencent le déroulement des événements. Certaines missions peuvent se terminer de différentes manières, l’élimination n’étant pas toujours la seule option.
Une invitation à la contemplation et à l’immersion
Ubisoft a toujours su proposer une immersion soignée grâce à une direction artistique travaillée et une reconstitution fidèle des ambiances. Assassin’s Creed Shadows perpétue cet héritage en offrant des graphismes impressionnants et un monde vivant. Entre les vastes plaines balayées par le vent, la quiétude des temples rythmée par le chant des oiseaux et l’effervescence des villes et villages, chaque environnement regorge de détails. Le passage des saisons apporte une dynamique supplémentaire en transformant les paysages au fil de l’histoire.

Toutefois, quelques imperfections viennent entacher cette immersion. J’ai notamment rencontré des bugs graphiques, comme des textures mal chargées sur des objets clés ou un cheval apparaissant dans des éléments du décor. Ce sont des problèmes qui seront sans doute corrigés par un patch à la sortie.

Un autre point faible concerne les expressions faciales, un domaine où Ubisoft peine encore. Pour une raison qui m’échappe, Yasuke bénéficie d’un travail plus soigné que les autres personnages. La bande-son, quant à elle, est contrastée. Les musiques traditionnelles installent une ambiance immersive, mais certains choix, comme l’intégration de riffs de guitare électrique dans des scènes de combat, cassent le ton et nuisent à la cohérence de l’univers.
Le retour de l’infiltration… mais pas seulement
Délaissée ces dernières années au profit d’une approche plus RPG, l’infiltration revient au premier plan, après une brève réintroduction dans Assassin’s Creed Mirage. Incarner un shinobi se prête particulièrement bien à cet exercice.
Le jeu offre plusieurs mécaniques intéressantes : si se cacher dans les buissons reste une mécanique bien connue de la série, la véritable nouveauté ici réside dans la possibilité de se fondre dans l’ombre. Marcher dans des zones sombres rend le personnage invisible aux yeux des gardes, incitant le joueur à éteindre les sources de lumière pour créer ses propres chemins d’infiltration.
Autre retour marquant : le grappin. Absent depuis Assassin’s Creed Syndicate, cet outil confère à Naoe une verticalité bienvenue dans l’exploration et l’infiltration. Il permet d’accéder rapidement aux toits ou d’atteindre des points stratégiques sans trop attirer l’attention, ce qui offre une fluidité accrue dans les déplacements.

Naoe et Yasuke incarnent deux styles de jeu radicalement différents. Naoe, plus agile, dispose de la vision de l’aigle, du grappin, de kunais, de bombes fumigènes et d’une lame secrète. En revanche, elle est très vulnérable au combat direct. Yasuke, lui, privilégie la force brute. Il est plus lent, incapable de grimper sur certaines structures, mais il peut défoncer des portes et affronter plusieurs ennemis simultanément. En d’autres termes, Yasuke n’a rien d’un ninja, c’est plutôt un camion de 12 tonnes lancé à pleine vitesse dans un magasin de porcelaine.
Malgré ces différences, son gameplay m’a semblé trop simpliste, manquant de profondeur par rapport à celui de Naoe.

Les menus et arbres de compétences sont toujours aussi fournis, chaque personnage ayant six arbres distincts. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut jongler entre deux types de points pour les améliorer. D’un côté, les points de connaissance, qui servent à débloquer l’accès à de nouvelles sections des arbres. De l’autre, les points de compétence, qui permettent ensuite d’acheter les améliorations. Un système qui ajoute une couche inutile de complexité et donne parfois l’impression de devoir remplir des formulaires administratifs pour obtenir une simple compétence.

Un repaire à bâtir et à améliorer
Comme dans d’autres opus de la saga, Assassin’s Creed Shadows permet de gérer un repaire, une base secrète où les joueurs peuvent s’installer et améliorer leurs équipements. Situé dans un environnement montagneux, ce refuge évolue au fil du jeu grâce à des ressources récupérées en mission.
Il est possible d’y construire divers bâtiments comme une forge pour améliorer son armement, une salle de rapport pour gérer ses éclaireurs ou encore des espaces de repos pour les alliés. Les joueurs peuvent également personnaliser l’apparence de leur repaire en y ajoutant des éléments décoratifs, transformant cet espace en un véritable sanctuaire personnel.

Le recrutement d’éclaireurs y joue un rôle central. Ces derniers permettent de récupérer des informations sur les cibles, de dérober des cargaisons de ressources ou encore de faciliter certaines missions en dévoilant des itinéraires alternatifs. Toutefois, cette mécanique reste limitée par rapport à ce que proposait Assassin’s Creed Brotherhood, où la gestion des assassins était plus développée et stratégique.
Un point sur l’accessibilité
Ubisoft a intégré plusieurs options d’accessibilité pour rendre le jeu plus inclusif. Outre les classiques ajustements de difficulté, le jeu propose un mode Canon, qui supprime les choix narratifs pour suivre un scénario prédéfini, tel qu’imaginé par les développeurs. C’est une approche intéressante pour ceux qui préfèrent une expérience plus linéaire, mais cela risque aussi de limiter la rejouabilité pour certains joueurs.
D’autres ajustements, comme la modification des contrastes, la personnalisation des contrôles et des aides visuelles, sont aussi présents pour rendre le jeu plus accessible aux personnes en situation de handicap.

Un nouvel écosystème Ubisoft
L’Animus Hub, longtemps teasé dans la méta-histoire de la série, est enfin accessible. Ce menu central permet de lancer directement les opus récents (Origins à Shadows) depuis un même endroit, à condition de les posséder. Cela fait évidemment écho à Call of Duty avec son hub qui propose un fonctionnement tout à fait similaire. L’Animus Hub offre aussi des missions secondaires régulières permettant de débloquer du contenu exclusif.
Bien que cette fonctionnalité ajoute une certaine continuité à la licence, son intérêt reste limité. Une fois un Assassin’s Creed terminé, rares sont les joueurs à vouloir revenir en arrière, surtout avec un nouvel opus à découvrir.

Conclusion
Assassin’s Creed Shadows est une aventure ambitieuse qui cherche à renouer avec les fondamentaux de la série tout en y intégrant des éléments modernes. L’aspect infiltration est largement mis en avant, notamment grâce aux mécaniques de jeu retravaillées comme la gestion de l’ombre et le retour du grappin. Le Japon féodal est un cadre idéal pour une telle expérience, et Ubisoft a su rendre hommage à cette période avec un souci du détail impressionnant.
L’alternance entre Naoe et Yasuke offre une dynamique intéressante, bien que leur gameplay soit déséquilibré en termes d’approche et de profondeur. Techniquement, le jeu brille par sa direction artistique et son ambiance immersive, mais il est terni par des défauts persistants comme des bugs graphiques et des expressions faciales en retrait. Malgré ces imperfections, Assassin’s Creed Shadows reste un opus solide qui séduira les amateurs d’infiltration et d’exploration.
Note générale : 7.5/10
Les +
– Un cadre historique fascinant et bien reconstitué
– Le retour de l’infiltration au cœur du gameplay
– Des mécaniques intéressantes comme la gestion de l’ombre et le grappin
– Une direction artistique splendide et des environnements immersifs
– Une grande liberté dans l’approche des missions
– Un repaire personnalisable qui ajoute un aspect progression
Les –
– Gameplay de Yasuke trop simpliste et limité par rapport à Naoe
– Bugs graphiques et textures parfois mal chargées
– Expressions faciales en retrait par rapport aux standards actuels
– Système d’amélioration inutilement complexe avec deux types de points
– Certaines incohérences dans la bande-son qui brisent l’immersion
– L’aspect gestion du repaire moins profond que dans d’autres opus