Irem, Nazca, Neo Geo, SNK: ces mots résonnent comme des incantations à une gloire d’antan chez les amateurs et amatrices d’arcade. Et que dire de la licence Metal Slug, véritable pinacle du run & gun en pixel art 2D, née dans le milieu des années 90 et dont l’absence, hormis quelques portages et spin-off mitigés sur mobile, se faisait chaque jour grandissante depuis Metal Slug 7 sur Nintendo DS en 2008. La licence est surtout devenue une habituée et un classique de l’émulation, tant elle a marqué l’histoire du jeu vidéo.
L’attente arrive enfin à son terme grâce à Leikir Studio (un petit studio français), soutenu par DotEmu dans son rôle d’éditeur et avec la bénédiction du grand pharaon SNK. Néanmoins, l’ordre de mission a changé et fini l’action frénétique. Place à un tactical aux airs, assumés par le studio, d’Into the Breach.
La tactique du gendarme
Quelle momie a mordu Leikir Studio ? Un tactical, en vue isométrique ?! Rassurez-vous, la direction artistique caricaturale et l’humour burlesque sont toujours présents. Et, sans nous prétendre experts, tout ceci semble plutôt fidèle à la licence qui s’inspire de plusieurs figures autocratiques et dictatoriales de l’époque.
Le jeu nous accueille directement avec un tutoriel pour nous introduire les différentes mécaniques, dont la compréhension sera essentielle pour réussir les missions à venir et finir le jeu. L’armée rebelle, dirigée par le Général Donald Morden, se dresse une nouvelle fois sur le chemin de l’Escouade des Faucons Pèlerins. Notre Escouade de départ est composée de trois personnages pas tout à fait étrangers à la licence: Marco Rossi, Eri Kasamoto et Fio Germi.
Afin de dynamiser ce tactical au tour par tour, et lui donner un feeling un peu plus run & gun, Leikir a décidé d’introduire la notion d’Esquive qui est un paramètre qui permet de réduire les dégâts subis et que vous pouvez augmenter en déplaçant vos personnages sur la carte. Ce paramètre étant remis à 0 à chaque début de tour, le jeu vous pousse à être le plus mobile possible afin de pouvoir absorber au mieux les attaques de vos ennemis. À l’esquive s’ajoute des points de couverture que certaines cases procurent à vos personnages, sachant que les couvertures peuvent souvent être détruites et que certaines attaques permettent d’ignorer ces couvertures. Pas de place ici pour les “campeurs”. On est là pour la tactique, mais la tactique en mouvement.
Le mouvement, c’est la vie
Se déplacer sur la carte permet également de faire monter votre niveau d’adrénaline, qui permet d’activer les actions spéciales. D’ailleurs, chaque tour, votre personnage peut se déplacer puis tirer. Si vous tirez sans vous déplacer, vous ne pourrez pas vous déplacer plus tard et vous ne faites pas monter votre esquive (sauf en cas de déplacement bonus). On se prend vite au jeu de déplacer tous nos personnages d’abord puis de les faire tirer ensuite. D’autant plus que le placement des personnages a une importance pour une deuxième mécanique centrale à ce Metal Slug Tactics.
Quand l’un de vos personnages attaque un ennemi qui est aussi à portée de l’arme principale d’un allié, cet allié attaque alors aussi de manière automatique, et cela, sans dépenser de point de mouvement ou d’attaque. Et comme cela fonctionne pour plusieurs alliés, cela permet de faire des attaques dévastatrices si les personnages ont bien été positionnés sur la carte par rapport à l’ennemi que vous ciblez. Cette mécanique est indispensable pour affronter les boss, qui par ailleurs, par leur taille, encourage cette approche.
En parlant de boss, ceux-ci ponctuent chacun des biomes visités et apparaissent systématiquement après 3 missions plus classiques, comme “éliminez tous les ennemis” ou “survivre 5 tours” mais également des missions d’escorte. Ces missions intermédiaires permettent de collecter différents bonus à travers un objectif principal et un objectif secondaire. Ces bonus fournissent des améliorations pour vos armes ou vos personnages.
D’ailleurs, nous nous permettons d’utiliser le mot biome, car nous avons affaire à un tactical teinté de rogue-lite. Quand vous perdez tous vos personnages, et que vous avez épuisé vos capacités de les faire revivre, la “run” se termine. Vous rentrez à la base, tout en gardant certaines améliorations et avec la possibilité d’en obtenir de nouvelles. Ces petits moments permettent aussi à Leikir de développer les personnages et leurs relations, mécanique bien connu et rendu très efficace par le fameux Hadès.
Toutes ces mécaniques, qui se superposent, pourraient rendre la jouabilité et le jeu difficile. Bien que nous soyons parfois un peu perdus dans les touches et les mécaniques, le premier niveau de difficulté permet de se familiariser avec tout cela, et après quelques “runs” et 8 heures de jeu, nous avons réussi à vaincre le dernier boss et terminer une première run jusqu’au bout. Mais tout bon joueur de Metal Slug le sait, les défis viennent quand on augmente la difficulté, quand les règles du jeu changent et qu’on débloque de nouveaux personnages, de nouvelles armes ou des nouvelles capacités.
Se replonger dans ces dioramas dynamiques, avec des portions de cartes qui apparaissent ou disparaissent, nous révélant des bonnes ou mauvaises surprises au fil de la partie, en bougeant un maximum et en tirant avec ses alliés sur les ennemies, est-ce que ce n’est pas cela l’ADN de Metal Slug?
Leikir royal
Du haut de ses pyramides, presque 20 ans d’histoire du jeu vidéo les contemplaient. Et pourtant, Leikir n’a pas tremblé en essayant d’adapter un run & gun nerveux en un rogue-lite tactical. Les propositions de game design permettent de retranscrire le mouvement permanent et le die & retry si caractéristiques de la série. Les directions artistiques sonores et visuelles nous donnent l’illusion que ce jeu a toujours été là, dans la série, comme une évidence. En extrayant l’essence même des Metal Slug pour l’injecter dans ce nouveau jeu, Leikir a redémarré le moteur d’un tank qui s’était un peu encrassé avec l’âge. Nous serions bien tentés de leur dire “Repos !” après cette mission réussie, mais on est déjà prêt à remettre une pièce pour poncer le jeu, et pour en voir plus.
Note générale: 8/10
Les + :
– Fidèle à la licence en termes de direction artistique
– Mécaniques de jeux qui traduisent bien en tactical l’ADN de la licence
– Disponible “day one” dans le Game Pass Ultimate
Les – :
– Un prix de lancement un peu surprenant
– Contrôles parfois un peu complexes
Metal Slug Tactics sort le 5 novembre 2024 sur les plateformes suivantes: Steam/PC, Nintendo Switch, PlayStation 4/5, Xbox One et Xbox Series S/X.
MAJ 06/11/2024: Nous avons été informés que la version Switch rencontre actuellement des problèmes de performances et de lisibilité de l’interface. Nous n’avons pas testé cette version, mais nous tenions à signaler ces retours pour les joueurs intéressés par la version portable. Notons que le studio a déjà communiqué que des améliorations étaient en cours pour la Steam Deck, améliorations qui pourraient profiter à la version Switch. Notons également que ces problèmes pourraient évoluer si des patchs correctifs sont déployés par les développeurs.
Conditions du test: testé sur PC sous Windows et Linux à partir d’une clef mise à disposition par l’éditeur.