Pirates, l’heure de partir sur les mers est enfin arrivée. Malheureusement, Skull and Bones semble avoir oublié une partie de son équipage au travers de ces années d’attente.
Ubisoft nous a annoncé cette nouvelle licence lors de l’E3 2017 avec une date de sortie imminente à l’été 2018. Si vous lisez ces lignes en 2024, il est évident que les plans initiaux ont été chamboulés. Développé par les studios de Singapour, Skull & Bones était censé révolutionner le monde du jeu vidéo avec son gameplay immersif dans l’ère de la piraterie du 18e siècle. Malheureusement, les nombreux retards attribués à une gestion chaotique, un manque de vision claire et des turbulences au sein de l’équipe de direction ont eu des répercussions majeures sur le jeu.
Avant de plonger dans cette critique, il est important de noter que le choix d’Ubisoft Singapour n’était pas anodin. En effet, ce studio est à l’origine de l’ensemble de la partie maritime de Assassin’s Creed IV Black Flag. Un excellent jeu sortie en 2013, peu avant l’arrivée de la génération PS4 et Xbox One. L’idée de Skull & Bones a germé dans l’intention d’offrir un DLC multijoueur à AC IV en 2014. Oui, vous avez bien fait vos calculs, cela fait donc une dizaine d’année que le jeu est dans les fourneaux d’Ubisoft.
Malheureusement pour eux, l’arrivée de Sea of Thieves sur le marché a changé la donne. Ce dernier a posé de nouveaux jalons pour les jeux de piraterie. Ainsi, il est plus juste de comparer Skull & Bones à AC IV plutôt qu’à son concurrent de chez Rare.
Après avoir navigué seul pendant une dizaine d’heures, je vais essayer de vous donner mon avis de la manière la plus objective possible malgré les nombreuses déceptions que j’ai rencontrées.
Une vie de pirate
Skull and Bones est un jeu de piraterie dans son aspect le plus pur. Pillage, combat naval et exploration seront les principaux axes de votre expérience. Vous naviguerez à travers l’énorme Océan Indien. La sensation d’exploration est présente et l’immersion gagne en profondeur lorsqu’on croise d’autres joueurs ou quand la météo évolue. Les nombreux lieux qui peuvent être visités regorgent de vie et de détails qui complètent finalement le beau cadre de cette expérience.
Dès les premières minutes, le jeu vous jette littéralement à l’eau. En pleine mer avec votre équipage, dont vous n’êtes qu’un mousse, vous prenez le contrôle du navire afin d’introduire les principales mécaniques de navigation. Après ce combat perdu d’avance face à une flotte gigantesque, vous êtes secouru par deux moussaillons qui vous adoptent (peut-être un peu trop rapidement) comme leur nouveau capitaine. Vous débutez donc votre aventure par l’exploration de votre premier « village », composé de rescapés coincés sur une petite île. Ici vous serez invité à fouiller l’épave du navire principal dont vous faisiez partie.
Après avoir terminé cette partie tutoriel, vous arrivez à Saint Anne. Le paradis des pirates et c’est à ce moment-là que vous découvrez l’ensembles des mécaniques d’amélioration, de craft, de navigation et de gestion des ressources.
Un étrange hybride de gameplay
Premièrement, Il est essentiel de souligner que dans Skull & Bones vous contrôlez un navire en mer, pas un personnage. Cette distinction apporte une subtilité au gameplay qui, à mon avis, le rend un peu confus. La navigation reste fluide et facile à prendre en main. Il y a certes un manque de réalisme dans la physique du bateau, mais c’est bienvenu. Cela aurait rendu la conduite insoutenable. Les combats sont dynamiques et vraiment fun à jouer. Malheureusement, c’est là qu’intervient mon principal problème : la caméra.
Lorsque celle-ci est en position « neutre », elle nous donne une vision “aérienne”; à hauteur de mouette, qui permet de mieux visualiser l’action. Cependant quand arrive le moment d’attaquer et que vous souhaitez viser, elle descend brusquement au niveau du personnage. Les joueuses et joueurs se retrouvent avec une visée style FPS. Je vous laisse donc imaginer le mal de mer qui vous aurez avec ces va-et-vient incessants. Étrange, sachant que sûr AC IV la caméra était toujours installée juste derrière le timonier. Elle se déplaçait légèrement sur le bateau lors des attaques avec les différents canons. Une vision aérienne était également disponible, mais il fallait maintenir une touche appuyée.
En dehors de ça, les combats ne vous surprendront pas. Lorsqu’une bataille est engagée, vous pourrez foncer droit dessus afin d’éperonner votre ennemi histoire de lui causer de lourds dégâts. Tout ça avant de finalement attaquer avec vos canons sur les flancs. Evidemment la résistance et la densité des canons varieront d’un navire à l’autre. C’est là qu’entre en jeu l’art de la navigation où la position de votre embarcation vous offrira l’avantage. Quand le navire ennemi est proche du naufrage, il vous sera possible de l’aborder. Ne vous faite pas d’illusion, tout est automatique et vous ne pourrez pas sabrer vous-même les ennemies.
Personnalisation bienvenue
À l’instar des autres jeux du genre, Ubisoft propose dans Skull & Bones une meilleure personnalisation de votre bateau. Il est possible de changer le type de “monture” avec trois classes typiques des héros shooter. À savoir; DPS, soutien et tank. Il vous sera aussi possible de changer les types de canons sur le bateau ou même le renforcement de la coque. Évidemment le lot de skins pour frimer est présent pour personnaliser voiles, coques, proue ou encore équipage. On ne change pas une équipe qui gagne.
En dehors de l’aspect maritime, vous pourrez accoster dans différentes villes où vous incarnerez votre personnage. Avec lui, vous pourrez commercer, améliorer votre navire, changer de tenue ou accepter de nouvelles missions. Malheureusement, à l’instar de Sea of Thieves ou AC IV, vous ne pourrez pas vous battre au corps à corps. Votre personnage ne sert vraiment qu’à faire joli et vous représenter auprès des autres joueuses et joueurs.
Crafting, survie et chargements
C’est d’ailleurs ici que j’ai rencontré l’autre problème principal de Skull & Bones : le crafting. Vous devrez commencer par construire des outils (pioche, scie, etc.) et ensuite partir en mer. De là, vous devrez vous coller à la côte, sans débarquer, pour récolter du bois ou aller abattre des navires ennemis pour voler les cargaisons. Après être retourné en ville, il faudra « construire » un plan avec vos matériaux (pour un nouveau canon par exemple) et ensuite construire ce nouveau canon. Ce n’est pas terminer, il faudra ecore d’autres matériaux pour installer l’objet. Mais ce n’est pas la source ultime de la perte de temps. En effet, les temps de chargement semblent venir d’une autre époque.
C’est long ! Vraiment, trop long ! Lorsque vous accostez dans une ville, ça charge, lorsque vous entrez dans un bâtiment, ça charge, lorsque vous parlez à un PNJ, ça charge. Ça devient ahurissant tellement il y a d’attente (et j’ai joué à Starfield !) alors que AC IV n’avait littéralement aucun écran de chargement, même le débarquement se faisait de manière fluide. Et c’était il y a 12 ans. Peut-être que certains d’entre vous me diront que c’est à cause de la gestion d’un monde multijoueur, mais je vous rappelle que Sea of Thieves ou même World of Warcraft y arrivent très bien.
Vos oreilles et yeux vous remercierons
Malgré un gameplay relativement bancal, vous ne pourrez pas vous empêcher d’admirer l’environnement. Tout est vivant et riche, entre votre équipage qui court dans tous les sens sur le bateau pour qu’il navigue correctement, les animaux qui courent sur la côte, le soleil qui se reflète sur l’océan et surtout l’eau. J’étais impressionné par le rendu graphique qui a été accordé pour rendre l’océan aussi réaliste qu’effrayant. Lors des tempêtes vous devrez gravir de gigantesques vagues, qui ne se retiendront pas de faire dévier votre navire si vous ne les prenez pas de face, ou encore gérer le vent pour éviter de vous retrouver dos à votre ennemi. Niveau musique et ambiance le travail est également remarquable. Les musiques épiques qui accompagnent vos combats sur les 7 mers ou les chants, dont certains spécialement composés pour l’occasion, que votre équipage entonne, offrent une vraie impression d’aventure qui pourrait faire pâlir Jack Sparrow.
Malheureusement certains points au niveau graphique viendront entacher cette magnifique ambiance. Notamment les cinématiques In-Game où le suivi labial et l’expression faciale des différents personnages sont catastrophiques. Sans parler du doublage francophone qui, certaines fois, ne transmet aucune réelle émotion. Mes PTSD d’un certain Andromeda ont, par moment, refait surface. Également, même si cela pourrait être corrigé avec des patchs, de nombreuses icônes d’objets ont une résolution médiocre.
Mais du coup ?
Sincèrement, en l’état, Skull & Bones ne vaut pas la peine d’être acheté et je crains que vu l’ampleur des dégâts, il ne risque pas de valoir la peine un jour. L’ambition d’Ubisoft de créer un jeu multijoueur à la sauce AC IV ne pouvait être que bien et on voit les nombreux points qui tendaient dans une bonne direction. Malheureusement à vouloir toujours regarder les bénéfices, créer des jeux qui doivent plaire au plus grand nombre et ne pas faire confiance, on tend à laisser la créativité de coté et oublier qu’au final, créer des jeux vidéo, c’est un métier de passion et il doit être laissé à des passionnés.
J’ai beaucoup de peine pour les nombreuses personnes qui se sont malmenées durant toutes ces années pour créer ce jeu, mais qu’à cause d’une industrie toujours plus cruelle, elles et ils voient leur travail être réduit à néant.
Note générale : 4/10
Les +
– Une ambiance réussie
– Des graphismes à la hauteur
– Un monde riche
Les –
– Un Gameplay brouillons
– Rallongement de temps artificiel
– Des temps de chargement excessif
– Un manque cruel d’originalité
– De nombreux problèmes de connexion