Pour ce nouveau dossier Premium, nous nous intéressons au monde de la gestion d’un cinéma. Comment cela fonctionne-t-il ? Que se passe-t-il dans les coulisses ?
Nous accueillons Béatrice aujourd’hui, une employée d’un cinéma situé dans le canton de Vaud. Nous nous sommes amusés au jeu des questions/réponses avec elle et voici ce que nous avons appris.
Quelles qualifications sont nécessaires pour travailler dans un cinéma ?
Être passionné du 7ème art bien sûr ! Mais aussi, de la curiosité, de la rigueur (pour tout ce qui touche aux aspects techniques du métier), de l’ouverture d’esprit et l’amour du partage (lors de discussions sur les films avec clients ou autres). En somme : de l’enthousiasme !
À qui s’adresse le métier de gestion du cinéma ?
À des gens passionnés, qui veulent partager leur amour pour ce domaine et le faire découvrir à d’autres.
Comment se déroule ”une journée” de travail en général ?
Lorsque j’arrive au travail, je regarde d’abord le courrier pour voir si nous avons reçu des affiches ou des (DCP). Ensuite, en tant que projectionniste, je m’occupe de mettre en route le dispositif de projection (allumer l’ordinateur et la colonne son, programmer le film, etc.). Je me charge aussi de l’affichage des films. J’imprime donc les banderoles indiquant les dates des prochains films à venir et change les affiches dans le hall, selon le programme. Enfin, je vérifie aussi que la salle soit propre avant la séance et aide mon/ma collègue à la caisse (vente des billets, boissons, etc.).
Au lancement du film, je m’assure que les conditions de projection soient bonnes (volume du film, rendu de l’image etc.) et fais quelques ajustements si besoin. Durant la séance, je suis autorisée à regarder le film. Si je décide de ne pas le visionner, je peux vaquer librement à mes occupations tout en restant sur place. A la fin de la séance, je me dois de veiller à la propreté de la salle et j’aide mon/ma collègue à nettoyer si besoin (vider les poubelles, passer l’aspirateur, etc.) Une fois que tout est en ordre, j’éteins le dispositif de projection, je ferme la salle et ma journée de travail se termine.
Comment se porte le cinéma face au streaming ?
Etonnamment plutôt bien même si de manière générale, il s’agit d’un loisir assez coûteux et les cinémas sont peut être un peu moins fréquentés qu’il y a 10 ans. Il arrive, exceptionnellement, que certaines séances soient annulées car pas de spectateurs. Mais globalement Les gens ont quand même encore l’envie de venir découvrir les films au cinéma et tant mieux, car les plateformes de streaming ne doivent pas prendre le dessus sur le cinéma. L’expérience n’est pas la même.
Les films sont-ils toujours diffusés sur bobine ?
Non, pas dans le cinéma dans lequel je travaille en tout cas. Mais en revanche l’appareil est toujours là lui. Tout est numérique à l’heure actuelle. Aujourd’hui, nous utilisons le format DCP (Digital Cinema Package), c’est la manière que l’industrie du cinéma à l’échelle mondiale distribue les films au format numérique. La pellicule 35 mm est devenue obsolète avec la sortie de Avatar en 2009. En effet, James Cameron a imposé ce nouveau format à l’occasion de la sortie de son immense succès.
Comment un cinéma gagne-t-il de l’argent aujourd’hui ?
En ce qui concerne le cinéma dans lequel je travaille, nous proposons aux clients qui le souhaitent, de devenir membres. Afin que ces derniers puissent avant tout soutenir le cinéma mais aussi bénéficier de tarifs préférentiels (réductions) sur le prix des séances. Les cotisations des membres et les films qui génèrent beaucoup d’entrées permettent au cinéma de prospérer.
Est-ce que l’ombre du COVID plane encore sur le domaine ?
Heureusement, on peut dire que cette sombre période est derrière et que le cinéma remonte gentiment la pente. Peut être il y a un peu moins de gens qui viennent au cinéma qu’avant 2020 (conséquence de la pandémie), mais aussi à cause de la concurrence engendrée par les plateformes de streaming.
Comment sélectionnez-vous les films qui seront diffusés ?
En fonction du public cible. Le cinéma dans lequel je travaille est petit (une seule salle de projection) car il s’agit d’un cinéma indépendant. La programmation se fait en fonction des clients potentiels et de la moyenne d’âge des habitants du village dans lequel se situe le cinéma, clients susceptibles de venir voir les films au programme. C’est pourquoi nous proposons + de films français que de films américains à gros budget par exemple, mais veillons à proposer tout de même des films pour toutes les tranches d’âge et de tous les genres. La programmation est donc variée, mais nous souhaitons spécifiquement promouvoir des films un peu moins connus et parfois des films de réalisateurs.rices régionaux / nationaux, qui sont moins représentés dans les grandes chaînes de cinéma.
Est-ce que l’argument du 3D est encore valable de nos jours ?
Oui. Pour certains films il s’agit d’un critère de visionnage. Cependant, il est rare que nous proposions les films en 3D. Le dernier que nous avons proposé en 3D était Avatar 2. A titre de statistique (estimation basée sur mon expérience), sur 100 films, seul 1 ou 2 sera proposé en 3D. Il s’agit majoritairement de films d’action / aventure avec des effets notables, pour lesquels il y a une “plus-value” à les visionner en 3D (expérience plus immersive).
Pour terminer, Steven Spielberg ou George Lucas ?
Question à laquelle il est difficile de répondre, c’est dur de choisir ! Je respecte Spielberg pour ses chefs d’oeuvre du cinéma. On peut aisément dire qu’il est le plus grand réalisateur de tous les temps. Mais j’ai tout de même une préférence pour l’univers cinématographique de George Lucas 🙂 donc à choix entre les deux je choisis George Lucas, avec tout mon respect pour Spielberg.
Nous espérons que vous avez pris du plaisir à découvrir les coulisses du cinéma. Encore un grand merci à Béatrice qui s’est prêtée au jeu.
On se retrouve tout prochainement pour un nouveau dossier.