Après le succès critique de WandaVision, Matt Shakman retrouve l’univers Marvel avec un défi de taille : offrir une nouvelle incarnation des 4 Fantastiques. Ce nouveau film, pensé comme une histoire autonome située dans les années 1960, mêle aventure, esthétique rétro-futuriste et retour aux racines des comics. Lors de notre rencontre, le réalisateur revient sur sa méthode de travail, la construction de son univers et la manière dont il a façonné l’alchimie de cette famille mythique.
Donner aux acteurs la liberté de jouer
Avant de passer derrière la caméra pour le cinéma, Matt Shakman a longuement travaillé au théâtre. Une expérience qui a marqué sa façon de diriger. « Je crois profondément au pouvoir des répétitions. Nous avons passé trois semaines ensemble avant même de tourner, à parler de l’histoire des personnages, de leurs relations, du scénario… L’objectif était que les acteurs arrivent sur le plateau en se sentant libres. »
Pour lui, cette liberté est essentielle à la créativité : « Nous sommes dans le domaine de l’imaginaire. Comme des enfants dans un bac à sable, il faut pouvoir essayer, se tromper, recommencer. Mon rôle, c’est de m’assurer que tout le monde joue dans la même direction, que le ton et la cohérence du monde restent intacts. »
Cette préparation en amont, il la voit comme un investissement : plus la base est solide, plus l’interprétation devient naturelle.

Retour aux origines des 4 Fantastiques
Si les précédentes adaptations du quatuor sont encore dans toutes les mémoires, Matt Shakman a choisi une autre voie. « J’ai grandi avec les 4 Fantastiques. J’ai relu plus de soixante ans d’histoires, des premiers par Stan Lee et Jack Kirby jusqu’à John Byrne et Jonathan Hickman. C’était ma matière première. »
Son choix de situer l’action dans les années 1960 n’est pas anodin : « Je voulais revenir à leur ADN. La course à l’espace, l’optimisme de l’époque… Ce sont des explorateurs avant d’être des super-héros. Des “imaginautes”. Cette période permet de retrouver cette énergie. »

Construire un monde rétro-futuriste
L’esthétique du film repose sur un équilibre entre authenticité historique et imaginaire technologique. « Je voulais que le New York des années 1960 paraisse vrai, avec ses bâtiments, ses couleurs, ses textures… et y superposer ce que Reed Richards aurait inventé. Monorails, voitures volantes, robots… C’est la vision que les gens des années 60 avaient du futur. »
Pour créer cette ambiance, Shakman a puisé dans les références culturelles de l’époque : 2001, l’Odyssée de l’espace, l’Exposition universelle de New York ou encore les histoires de science-fiction rétro. « L’idée était : et si toute la ville ressemblait à ça ? »

Pression et responsabilité
En 2019, à la Comic-Con de San Diego, Kevin Feige annonçait l’arrivée des 4 Fantastiques dans le MCU. Shakman était alors dans le public. « J’étais juste un fan. Je me demandais qui allait réaliser ce film… et aujourd’hui, c’est moi. C’est irréel. »
Cette excitation s’accompagne d’un sens aigu des responsabilités : « Ma pression, c’est de respecter ces personnages et leurs créateurs. Je comprends l’attente, parce que je l’ai ressentie moi-même. »
Un chapitre à part dans le MCU
Contrairement à beaucoup de productions Marvel récentes, ce 4 Fantastiques se déroule dans un univers séparé. « Ici, les 4 Fantastiques sont les seuls super-héros. Pas besoin d’avoir vu un autre film ou une série avant. C’est une histoire autonome. Plus tard, ils rejoindront le reste du MCU dans Avengers: Doomsday, mais pour l’instant, on est dans leur monde à eux. »
Ce choix offre une liberté rare : pas de connexions forcées, mais un récit concentré sur les personnages.

Forger une vraie famille à l’écran
Au cœur du film : la dynamique de groupe. Pour la rendre crédible, Shakman a misé sur le temps passé ensemble avant le tournage. « Trois semaines de répétitions, beaucoup de discussions, et un espace de jeu où chacun pouvait trouver sa place. Quand le premier jour de tournage est arrivé, ils étaient déjà liés. »
Cette complicité, selon lui, repose aussi sur le talent : « Les acteurs choisis sont parfaits pour leur rôle. Ils savent créer cette impression d’histoire partagée, comme si leur relation existait bien avant le film. »

L’héritage de WandaVision
Shakman voit des points communs entre ses deux projets Marvel : « WandaVision parlait d’une famille, même si elle était en partie inventée. Ici, c’est une famille bien réelle, mais avec les mêmes enjeux émotionnels. Les deux demandent un soin particulier aux détails, que ce soit dans la construction des décors ou dans la précision du jeu. »
Il note aussi que les deux œuvres sont des exercices de style : WandaVision explorait les codes des sitcoms à travers les époques, tandis que Fantastic Four plonge dans un univers rétro-futuriste inédit pour le MCU.

Les 4 Fantastiques est déjà disponible au cinéma en Suisse. Entre hommage aux comics, vision artistique affirmée et volonté de créer un film accessible à tous, Matt Shakman semble prêt à offrir une version à la fois fidèle et nouvelle de la Première Famille de Marvel.