Alors que la planète entière joue à Oblivion Remastered, Clair Obscur: Expedition 33 ou Doom: The Dark Ages, j’ai ouvert des milliers de portes pour percer les secrets de Blue Prince. Installez-vous au salon, j’arrive.
Je vois que vous êtes installé à côté du feu. Si cela ne vous dérange pas, je vais mettre un peu de musique pour qu’on se mette dans l’ambiance de mon séjour au manoir Mount Holly.
Prince des salles
« Combien de temps ai-je passé là-bas ? » me demandez-vous ?
Environ 80 heures… ou jours, je ne sais plus. On perd un peu la notion du temps dans cet étrange manoir. Et puis, il faut dire que camper chaque nuit dans une tente à l’extérieur, n’aide pas toujours à être bien frais pour attaquer la journée. Surtout que chaque jour, il faut tout recommencer.

« Recommencer quoi ? »
Ah ? Vous ne connaissez visiblement pas la particularité du manoir du baron Sinclair. Il s’agit d’un bâtiment qui, chaque nuit, se vide de ses pièces. Et chaque jour, lorsque vous ouvrez une porte, vous avez le choix entre trois pièces à faire apparaître. Indéniablement excentrique, mais guère étonnant de la part de ce regretté baron.
J’ai lu dans la presse d’ailleurs que le concepteur du manoir avait d’abord eu l’idée d’un jeu de plateau où l’on tire des pièces comme l’on tirerait des cartes. Ce qui explique d’ailleurs que tout est très aléatoire, ce qui peut être un peu pénible quand vous voulez absolument vous rendre dans une certaine salle. Heureusement, on trouve bien vite des combines pour que l’aléatoire nous embête moins.
Par contre, on avait toujours des contraintes: il ne fallait pas qu’on se déplace trop, sinon on avait plus d’énergie et on devait aller « call it a day » comme le disent les anglophones, c’est-à-dire, on devait terminer la journée et aller se coucher. Parfois aussi, on était dans un cul-de-sac, sans nouvelle porte à ouvrir. Ils nous arrivaient aussi de ne plus avoir de clef pour ouvrir les portes verrouillées. Il fallait donc gérer toutes ces ressources tout en essayant de progresser dans le manoir.
D’ailleurs, je n’étais pas vraiment seul au manoir. Je me promenais toujours avec Simon, l’héritier du baron. Un gaillard de 14 ans à peine. Par contre, nous n’avons pas croisé un chat dans le manoir et ses environs. Tout ce calme, au début, ça me foutait un peu la trouille.
Mystique et mystérieux

Ce qui était le plus étonnant, avec ce manoir, c’est qu’il y avait des pièces cachées. Je ne sais pas si vous avez joué au jeu vidéo Myst, mais c’était un peu comme ça: il fallait trouver une pièce pour actionner un levier qui ouvrait une porte à un autre endroit. Ou alors analyser le décor d’une pièce pour résoudre une énigme. On trouvait aussi toute sorte d’outils utiles à notre progression.
Et si au bout d’une dizaine d’heures, nous avions atteint l’une des salles importantes du manoir, ceci n’était que le début de l’aventure pour le jeune Simon. En continuant d’arpenter et de résoudre des énigmes de plus en plus complexes, il a pu en apprendre énormément sur lui-même, sur le manoir et sur sa famille.
Et il faut dire qu’avec tout ce silence, nous ne pouvions qu’apprécier, avec Simon, la musique qui venait dont on ne sait où. Une musique atmosphérique, avec des nappes de synthé, mais aussi parfois des instruments plus classiques, comme un saxophone qui vient amener un peu plus de mélodie. D’ailleurs, c’est justement la musique que j’ai lancée au début de notre conversation. Cette musique un peu envoutante me reste encore aujourd’hui dans la tête…
Pas pour les bleus

Je n’ai pas pris beaucoup de photos de mon aventure, car j’aimerais vous laisser la surprise de découvrir, vous aussi, avec Simon, cet endroit surnaturel et mystérieux. Malheureusement, un peu comme un voyage à l’étranger, il faut maitriser un peu la langue. Et ici, c’est une bonne maitrise de la langue d’Abraham Lincoln qui vous sera nécessaire si vous voulez apprécier l’aventure. L’avantage, c’est que c’est une aventure qui peut se vivre à plusieurs, en combinant la puissance de tous les gros cerveaux à la fois.
Il est aussi possible que vous n’ayez pas la patience pour tout voir, tout résoudre. Mais ce n’est pas grave, car l’aventure a un objectif bien clair à atteindre au début. Et atteindre cet objectif sera déjà une aventure extraordinaire et inhabituelle. Je dois dire que, personnellement, je n’en suis jamais vraiment revenu. Une partie de moi est toujours à Mount Holly, à vouloir aider Simon.
Mon avis sur Blue Prince en 3 mots : un rêve bleu
J’ai aimé :
- La capacité du jeu à me surprendre
- La satisfaction de résoudre les énigmes
- La musique, véritable personnage non joueur
- Le prix attractif de l’aventure
J’ai moins aimé :
- L’aléatoire frustrant sur certains puzzles
- Le manque de fin ou conclusion clairement définie
C’est plutôt pour toi si…
- Tu aimes les jeux de puzzles très généreux (mais un peu sans fin)
- Tu veux essayer une expérience assez inhabituelle
Ce n’est plutôt pas pour toi si…
- Tu n’es pas à l’aise avec l’anglais
- Tu n’aimes pas l’aléatoire
Ma note :
9 / 10, surtout les 40 premières heures, et puis plus le jeu avance, plus on se rapproche d’un 8 / 10.
Blue Prince
Studio: Dogubomb (USA)
Éditeur: Raw Fury (Suède)
Date de sortie: 10 avril 2025
Classification: PEGI 3
Prix: Autour de CHF 30.- à sa sortie, inclus aussi dans le Game Pass et le PS+ Extra
Moteur graphique: Unity
Plateformes: Steam, PlayStation 5 (et PS+ Extra), Xbox Series (et Game Pass)
Conditions du test: jeu acquis avec mes deniers sur PS5