Après le succès de It Takes Two, le studio suédois Hazelight Studios et son emblématique réalisateur Josef Fares nous proposent l’excellent, pour ne pas dire chef-d’œuvre, nommé Split Fiction. Une nouvelle expérience uniquement coopérative qui a déjà atteint les 2 millions de ventes.

Après avoir suivi les aventures du couple Cody et May, nous sommes ici plongés dans la vie de Mio et Zoé. Deux jeunes écrivaines qui se rencontrent dans un ascenseur du bâtiment de Rader Publishing, en chemin pour venir présenter les histoires sur lesquels elles travaillent.
Très rapidement, ce qui devait être un exercice de « pitching » se révèle finalement être une expérience bien étrange. Rader leur propose de se connecter à une sorte de super machine de réalité virtuelle qui permettra de vivre et d’enregistrer leurs histoires. Alors que Zoé et les autres écrivains sont déjà dans leur « bulle VR », Mio se retrouve piégée dans la bulle de Zoé. Les deux protagonistes se retrouvent prisonnières de la machine et de leurs histoires respectives. Chacun des joueurs incarnent alors au choix Zoé ou Mio.
Sans rentrer dans les détails de l’intrigue, la machine de Rader, qui « absorbent » les histoires pour les générer ensuite, fait évidemment référence aux IA génératives. Ainsi qu’aux questions autour de la créativité humaine et « artificielle ».

Dans Split Fiction, nous allons donc alternativement vivre des histoires issues de l’imagination de Mio et de Zoé. Si les histoires de Mio sont orientées science-fiction dystopique, Zoé penche plutôt pour de l’heroic fantasy classique. À travers cette alternance, nous allons en apprendre un peu plus sur la psyché et les histoires personnelles des deux protagonistes. Cette astuce narrative libère le studio des contraintes d’une narration plus linéaire et permet ainsi de mieux gérer le rythme, notamment quand des mécaniques de jeux s’essoufflent.
Le jeu propose également des histoires annexes facultatives qui permettent de développer des univers parfois loufoques ou de proposer des nouvelles mécaniques de jeu le temps d’une histoire. Le jeu n’oublie d’ailleurs pas de faire de nombreuses références, plus ou moins subtiles, à d’autres jeux vidéo ou encore à des films à succès.
Elles dansent le Mio
Il n’y pas que la structure narrative qui change d’ailleurs par rapport à It Takes Two. Nos deux héroïnes sont agiles et acrobatiques. Mio et Zoé peuvent marcher sur les murs dans une animation qui rappelle énormément les Prince of Persia des années 2000 et de manière générale le parkour. Et de la mobilité, il en faudra dans ce jeu qui ne lésine pas sur les phases de poursuites ou de plateforme exigeantes.

On peut d’ailleurs reprocher que ces phases soient souvent assez punitives, bien que le système de checkpoint permette le « die and retry ». Néanmoins, et pour des raisons de rythme à deux, ces checkpoints nous ramènent en général juste avant l’obstacle ou au même niveau que l’autre joueur. On se retrouve donc fréquemment emporté par la frénésie du jeu, sans tellement contrôler la situation.
Heureusement, Split Fiction sait varier les mécaniques de jeux, jusqu’à même sortir de son carcan action-plateforme pour aller, le temps d’une séquence ou d’une histoire, sur d’autres registres vidéoludiques. Autant d’occasions de pasticher les classiques du medium et de faire un peu de fan service.
Il en faut deux pour être heureux
Le titre fait tout pour nous en mettre plein les mirettes, et ça fonctionne. Il y a bien sûr les mécaniques coopératives, parfois plutôt brillantes, parfois un peu plus traditionnelles et éculées. On note d’ailleurs bien plus de phases de plateformes dans celui-ci, ce qui ne le rend pas forcément simple pour les novices du joystick.

Split Fiction est une ode à la créativité et au partage à travers sa coopération, mais nous ne pouvons que nous dire que de très nombreux jeux proposent aussi de la coop, sans forcément attirer autant l’attention. Mais si Hazelight Studios peut devenir le porte-étendard du multijoueur local coopératif et montrer à une industrie, qui délaisse un peu ce mode de jeu, qu’il y a un public, nous n’allons pas cracher dans la soupe.
La direction artistique s’adapte à chaque séquence et mention spéciale pour les tenues de Mio et Zoé, qui changent souvent et qui sont toujours canons. Le style vestimentaire, c’est important aussi dans le jeu vidéo.
De même, le design sonore est très efficace et renforce le côté cinématographique à grand spectacle. Le doublage français est de grande qualité. La musique est également efficace, sans être particulièrement marquante sauf dans les dernières phases de jeu, et une magnifique musique de générique de fin interprétée par Loreen (auteure, compositrice et interprète suédo-marocaine ayant remporté le Concours Eurovision de la chanson à deux reprises).

Pop Fiction
Hazelight Studios, comme porte-étendard du jeu coop, frappe à nouveau très fort avec Split Fiction. Les références fréquentes à la culture pop, le rythme endiablé et le côté spectacle du jeu nous ont fait parcourir une sorte de parc à thème. Si les mécaniques de jeu sont meilleures que It Takes Two, l’écriture des personnages nous semblent encore un peu trop faible. Avec une durée de vie d’une dizaine d’heures, nous avons aimé notre ride dans ces montagnes russes.
Note générale: 8.5 / 10
Les + :
– Diversité narrative et ludique
– Design sonore
– Pas de bugs ou de problème de performance
– Les références à la culture pop
Les – :
– Checkpoints frustrants
– Écriture des personnages un peu simple
Split Fiction
Studio: Hazelight Studios (Suède)
Éditeur: Electronic Arts (USA)
Date de sortie: 6 mars 2025
Classification: PEGI 16
Prix: Autour de CHF 50.- à sa sortie
Moteur graphique: Unreal Engine
Plateformes: PlayStation 5, Xbox Series X/S, Epic Game Store, Steam, EA app
Conditions du test: testé sur PS5 à partir d’une clef mise à disposition par l’éditeur