En pleine croisade contre les hussites, deux guerriers à allégeance opposées, se retrouvent mélangés dans une intrigue qui menace de plonger le monde dans les ténèbres apocalyptiques. 1428: Shadows over Silesia, est un jeu d’exploration, de puzzle et de combat en Silésie en 1428. Celui-ci ne s’attarde pas trop sur les détails historiques des croisades, mais s’appuie dessus pour offrir une atmosphère basée sur l’histoire authentique du XVème siècle. Il faut également souligner que c’est un jeu entièrement accessible pour les aveugles, ce qui est fort agréable.
Présentation et histoire
La raison pour laquelle je dis que c’est un jeu à jouer en attendant Kingdom Come Deliverance 2 (KCD2), c’est surtout pour combler le manque de contenu médiéval. Mais aussi car 1428: Shadows over Silesia se passe environ 25 ans après KCD1. À savoir : dans la même époque et autour de la Bohème.
Sans faire un cours d’histoire complet sur les croisades hussites et le Grand Schisme du XVème siècle, une division sur les préceptes religieux et les valeurs à respecter entre les nobles, l’église et le peuple, s’est formée. Cette division s’est instaurée après l’exécution au bûcher de Jan Hus, suite à l’excommunication de celui-ci par l’antipape Jean XXIII. Jan Hus était un théologiste à l’université de Prague, et a publiquement critiqué l’église catholique. Principalement sur les aspects financiers abusifs, leur pouvoir héréditaire, et de manière générale l’aspect “deux poids, deux mesures” adoptée. L’exécution de Jan Hus l’a vu se propulser en martyre, et l’ordre des Hussites a vu le jour. Ce qui a provoqué par la suite cette croisade opposant deux vues chrétiennes. Le mouvement hussite était un des précurseurs du protestantisme.
L’histoire est divisée en chapitres. Chacun suit en alternance l’un des deux protagonistes des deux côtés de cette guerre. Hynek, dis le renard, est un commandant dans le camps des Hussites. Il aime les jeux de chance, l’alcool et jurer. Lothar est un chevalier de l’ordre des Hospitalier. Il est dans le camp des chrétiens “standards” de l’époque. Notre personnage est pieux, de bonne famille noble et le vice est un concept étranger pour lui. Chaque personnage suit son histoire, mais ils se retrouvent vite dans la même intrigue.
Graphismes et accessibilité
Normalement, les graphismes ne sont pas un point que je relève dans mes tests, mais dans ce cas précis je vais m’autoriser une exception. En effet, pour moi, le style est bien plus important que la qualité des graphismes. Le plus important est de garder un style adapté et un ton consistant, pas tout le monde ne peut se permettre une licence CryEngine ou Unreal 5. Heureusement, Unity reste très flexible. Cependant, même moi je dois avouer que les graphismes et l’ambiance sont bien plus marquants dans les donjons et autres endroits lugubres en ce qui concerne 1428.
À l’opposé, les cartes en plein jour offrent des couleurs vives et variées, mais ne présentent pas une ambiance comparable aux donjons lugubres. Ce n’est pas pour autant que c’est moche, mais le style est visiblement bien mieux employé quand la lumière peut jouer avec les ombres.
Ca me fait également très plaisir de voir que le jeu est entièrement accessible pour les aveugles, avec une synthèse vocale. Ayant côtoyé une personne aveugle pendant des années, cette accessibilité m’a particulièrement touché.
Gameplay et progression
Le joueur contrôle soit Hynek, soit Lothar, ce en perspective isométrique. Une barre de vie, d’endurance, une boussole et un inventaire d’objets trouvés pour le combat et les puzzles, forment le cœur de l’interface principale. Une manette ou clavier et souris sont au choix, mais j’ai trouvé que la solution la plus agréable reste le clavier et la souris. Les menus sont plus facilement accessibles avec le combo clavier + souris. De plus, certains puzzles sont beaucoup plus faciles avec le pointeur de la souris.
Nous ne gagnons pas de niveaux, ni de capacités particulières avec le temps. Mais juste de l’équipement différents, avec des caractéristiques variées. Notez que rien n’est clairement classé comme dans un RPG, car ce n’est pas un RPG. 1428: Shadows over Silesia est un jeu puzzle mélangé à des combats pour donner de la variété au genre, entrecoupé de séquences cinématiques et dialogues.
“1428: Shadows over Silesia est un jeu puzzle mélangé à des combats”
Le système de combat est simpliste. Il se résume principalement à tourner autour de ses ennemis et les frapper dans leur dos. Néanmoins, il est important de réfléchir à son environnement et ne pas se laisser prendre nous-même sur les côtés. Un bouclier ne peut protéger que ce qui vient de face.
Les puzzles sont par contre très variés, et demandent de réfléchir plus que la plupart des jeux modernes. Nous ne sommes pas au niveau des énigmes tordues, et à la logique connue uniquement des développeurs fous de Sierra ou Lucas Arts. Les types de puzzles incluent des messages à décoder, des séquences à suivre, lire des livres pour découvrir des indices, et j’en passe.
Les points forts de 1428: Shadows over Silesia
La simplicité du gameplay et les contrôles minimalistes nous permettent de nous focaliser plus sur l’ambiance, et les dialogues. Le jeu entier peut se terminer en environ 20 heures, mais n’offre rien en terme de rejouabilité comme un “new game +” ou autre. L’histoire devient prévisible, sans pour autant être clichée après 5 heures. Curieusement on reste facilement investi grâce aux personnalités et objectifs propres à Hynek et Lothar.
L’histoire de la croisade part dans une direction qu’on ne s’attend pas au départ, et, bien que pas historiquement juste, offre un message qui peut parler aux chrétiens et aux athées. Quoi que l’on croit, il est important de rester une bonne personne. Cela sans forcément se sentir menacé par une Damoclès au-dessus de la tête sous la forme d’une divinité omnisciente.
Les points négatifs de 1428: Shadows over Silesia
Il existe deux points négatifs objectivement marquants, sans parler de préférences propres. Premièrement, comme évoqué au début, bien que la manette reste une option, le clavier est clairement obligatoire pour certaines sections qui demandent de sélectionner des zones en dehors des zones immédiates du personnage. Deuxièmement, et c’est mon point le plus négatif, la performance des acteurs de voix en anglais. Hynek et Lothar sont passables, mais la qualité des dialogues des personnages secondaires est honnêtement médiocre. Les intonations ne collent pas la moitié du temps. On dirait que les acteurs n’ont pas reçu de contexte à leurs mots. Je ne peux néanmoins pas juger les acteurs czech.
Conclusion
Pour le prix d’environ CHF 20, on en a pour notre argent. Malheureusement, je le recommande uniquement aux fans de puzzles qui cherchent une dose “médiévale” avant Kingdom Come Deliverance 2. J’ai beau être très critique sur les acteurs de voix, mais Hynek et Lothar sauvent l’ambiance.
Il y a également Henry de Kingdom Come Deliverance qui se cache quelque part dans le jeu, et une chose est sûre… il a faim.