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[Dossier] Bioware, de pionnier à raté

La plupart des gamers de la génération actuelle connaissent Bioware pour les trilogies des Mass Effect et Dragon Age, mais leur ancienneté remonte à plus loin dans le passé. Baldur’s Gate (1998) a été leur premier grand succès en tant que développeur de jeu PC, transférant ainsi les RPG occidentaux du type PNP (pen and paper) de Donjon et Dragons, dans la communauté des gamers. Baldur’s Gate combinait à la fois interface compréhensible, musiques orchestrales mémorables, et histoire intriguante unique pour l’époque. Cet énorme succès à catapulté Bioware de studio sans nom, à pionnier du genre RPG occidental, et ont développé d’autres titre dans le même univers, tels que le deuxième opus Baldur’s Gate 2, et les séries Icewind Dale et Neverwinter Nights, eux aussi des succès commerciaux auprès des fans.

Bioware baldur's gate
Baldur’s Gate. Premier succès de Bioware en 1998. 

Après leurs succès dans le monde de Donjons et Dragons, Bioware montre à nouveau leur talent pour la création d’excellentes histoires palpitantes, accompagnées de musiques et personnages mémorables dont les fans se souviennent presque 20 ans plus tard: Star Wars: Knights of the Old Republic, Jade Empire, Mass Effect 1, Mass Effect 2, et Dragon Age: Origins étant globalement appréciés par leur publique.

Bioware star wars knights
Star Wars: Knights of the Old Republic

Ce fut malheureusement le début du déclin du géant du RPG. En 2007, le développeur/éditeur géant écrasant des jeux vidéos Electronic Arts s’est approprié Bioware comme dans son habitude de se remplir les poches sur le dos de développeurs prometteurs, tout en imposant ses pratiques douteuses, et par la suite les fermer quand chaque goutte de sang a été essorée de ce lingot précieux. Les changements ne se sont d’abord pas vues immédiatement, d’abord Eletronic Arts laisse du mou à son acquisition afin de mieux les pendre par la suite. Dragon Age 2 est sorti avec un gameplay très simpliste, des graphismes peu travaillés par rapport à Origins, néanmoins l’histoire reste intéressante et de ce qu’on s’attend de Bioware. Ce travail bâclé est largement dû au fait que Electronic Arts voulait une suite le plus rapidement possible, grillant ainsi des étapes de développement qu’un studio indépendant, ou plus libre, n’aurait pas fait.

Le sujet le plus délicat, et difficilement quantifiable, est la qualité des histoires, les compagnons et la présentation des jeux qui ont suivi. Une personne qui se lance dans les jeux Bioware à partir de Mass Effect 3 ou Dragon Age Inquisition ne verrait pas forcément les… fissures dans le portrait de Bioware, tel un portrait de Dorian Gray. Le départ de personnel clef du studio, les NPCs incluant le plus de diversités sexuelles que possibles au détriment du narratif, et l’inclusion progressif de microtransactions et Lootbox indiquent clairement un changement de stratégie que EA a imposé. Bioware perd progressivement sa réputation de développeur au talent d’écriture, d’intégrité et créateur de nouveaux mondes innovants. Malheureusement, l’avant dernier clou n’était pas encore enfoncé dans le cercueil. Celui-ci arriva en 2017, avec la sortie de Mass Effect Andromeda.

Bioware Dragon age
Le premier personnage Transgendre de Bioware, exactement ce que les fans de Dragon Age voulaient dans l’histoire de Inquisition

Après le succès de la trilogie de Mass Effect, et les aventures de Commandant Shepard terminées, Bioware, ou Electronic Arts, ne voulait pas perdre une licence lucrative si rapidement. Un studio satellite à Montréal (CA) de Bioware fut choisi pour le développement, alors que ce site n’avait jusqu’à maintenant que soutenu le studio principal à Edmonton (CA). Un des premiers drapeaux rouges a été le départ de Casey Hudson en 2014, le directeur de Baldur’s Gate 2, Knights of the Old Republic, Jade Empire et la trilogie des Mass Effect, autrement dit le cerveau des jeux les plus appréciés du studio. La tête du projet Andromeda a été prise par Mac Walters, un des écrivains de Mass Effect, et les « talents » d’écrivain et designer sont, entre autre, Anne Rose-Marie Leos une femme féministe qui se croyait violée dans un mod de Grand Theft Auto Online via un crack, et Manveer Heir, un homme raciste envers les blanc, si l’on croit ses postes Twitter. Du moment que le contenu du jeu n’est pas un reflet des vues politiques de ses créateurs, à la rigueur on s’en fiche, malheureusement le narratif de Mass Effect Andromeda est rempli de femmes plus immondes les unes que les autres dans le but de détruire l’image qu’une belle femme est mauvais. L’histoire est mal structurée et remplie d’incohérences, surtout comparé aux jeux précédents, la science et le « lore » de la trilogie initiale a été ignoré, et comme dans Dragon Age Inquisition, tout le monde est bisexuel sans raisons valables narratives. Je tiens à préciser que le pilote homosexuel dans Mass Effect 3 (Steve Cortez) est un de mes personnages préférés du jeu, car l’amour qu’il ressent toujours pour son mari mort au combat a été correctement introduit. Comme joueur, et comme Commandant Shepard, nous ressentons la perte qu’il a enduré car le narratif a été correctement travaillé pour tirer sur nos cordes émotionnelles. Ces cordes émotionnelles dans Andromeda ne sont non seulement pas accordées, mais intouchées. Andromeda a reçu un tel tollé que la série a été mis en suspens pour l’instant, même pas de DLC payant, c’est pour dire à quel point les contre-maîtres chez EA, ne veulent pas investir dans un projet voué à l’échec. L’opinion des consommateurs a son pouvoir, et 2017 l’a largement prouvé avec la crise des Lootbox payants.

Biwoare EA battlefront 2
EA Battlefront 2 EA de EA: Skins, danses et boosts de statistiques accessibles en payant pour des lootbox. Du Pay to Win dans toute sa splendeur

Avec Dragon Age Inquisition, ensuite Mass Effect Andromeda, nous avons perdu l’essentiel des jeux de rôles, un narratif captivant, et des personnages avec qui l’on peut s’identifier. A la place, le narratif a donné la place au besoin d’inclure des NPC plus caractérisés par quel sexe, ou genre, ils s’identifient et dans quel orifice ils préfèrent recevoir, afin d’être le plus inclusif possible afin de faire plaisir à la communauté LGBT.

Bioware Aujourd’hui

Lors de la E3 2018, Bioware montra les premiers moments de Gameplay de leur nouveau Projet Anthem, annoncé déjà en Juin 2017 mais c’est la première fois que du gameplay moins scripté a été présenté. Un jeu Open World sur une planète similaire au film Avatar, avec des armures du style Iron Man de Marvel. Une démonstration avec beaucoup d’explosions, des promesses d’un multijoueur grande échelles avec des répercussions sur le monde etc… Tout ce qui existe déjà sur plein de MMO style Guild Wars 2. Avec de grosses armes, des gros chiffres de dégâts qui volent au-dessus des cibles et du loot, nous avons l’impression de voir une copie de Destiny, avec encore moins d’histoire, si cela est possible. Sans grand choc, ce qui a été présenté, ne montre même pas un brin d’histoire ni d’un narratif, qui, rappelons-le, étaient le pilier central sur lequel Bioware s’est fondé une réputation.

Pour résumer, Bioware s’enfonce de plus en plus dans le monde des AAA, perdant avec chaque nouvelle sortie un peu de ce qui les a rendu populaires, et appréciés par la communauté. Lootbox, dirigeants et designers plus axés sur ce qui est populaire sur les réseaux sociaux, et perte des talents qui ont construit la réputation de ce Studio anciennement respecté, ne font que de détruire l’estime et le hype pour les nouveaux projets annoncés. Le jour où Bioware ne vendra plus aussi bien, EA fermera le studio comme dans leur habitude, et imposera leurs pratiques au prochain studio prometteur.

Bioware victimes d'EA
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Publié le 13.08.2018 à 13:43.

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